Joakim Palmkvist

J’ai vu la série « The dark heart » diffusée sur la chaîne Polar+ et j’ai eu envie de lire le roman qui a inspiré cette série. Ce roman de l’auteur suédois Joakim Palmkvist n’a malheureusement pas été traduit en français encore mais la traduction en anglais est accessible.



Ce récit nous entraîne dans la Suède rurale du Småland (région de Kalmar), pour un fait divers qui a défrayé la chronique dans la Suède des années 2012-2014. Une région austère, avec des forêts à perte de vue, des communes rurales, qu’on appelle « The dark heart of Småland » (d’où le titre du livre), et marquée par un certain conservatisme, un des fiefs du luthérianisme.



L’histoire commence avec la disparition de Göran Lundblad, riche propriétaire foncier de soixante-deux ans. Cette disparition est signalée par la deuxième fille de Göran, Maria. Or il se trouve que peu de temps auparavant, le patriarche a eu une vive dispute avec sa fille aînée, Sara, âgée de vingt-trois ans, et qui était destinée, de par ses diplômes, à reprendre l’exploitation forestière de la famille. A l’origine de cette dispute, la liaison de Sara avec le jeune Martin Törnblad, le fils du fermier voisin et locataire de Göran, un bon à rien selon le père de Sara. Sara vit avec son père dans la ferme de Norra Förlösa, ce qui rend les conflits encore plus tenaces. Göran est dépeint ici comme un patriarche quelque peu tyrannique, âpre au gain, méfiant et secret, qui n’hésite pas à exploiter sa fille Sara qui travaille sur l’exploitation forestière familiale. Cette peinture semble étrange dans un pays réputé à l’avant-garde des mœurs et structures familiales, mais de fait on sent beaucoup de conservatisme dans tout cela.



Quoi qu’il en soit, la jeune demi-sœur de Sara, Maria, est inquiète et déclare qu’elle pense que Sara est impliquée d’une manière ou d’une autre dans cette disparition. Le corps n’est toujours pas trouvé au bout de plusieurs mois et du fait du « corpus delicti », en l’absence du corps de la victime, personne ne peut être impliqué ou accusé officiellement.

Toutefois les soupçons vont vite porter sur Sara et son jeune ami Martin.

C’est ici qu’une organisation de bénévoles volontaires va intervenir, l’association MPS : Missing People Sweden, dirigée par Thérèse Tang et créée peu de temps avant ce drame familial. Cet organisme assiste la police dans la recherche de personnes disparues et, de par son indépendance envers la police, use parfois de moyens peu habituels comme l’emploi de mediums…



Cette jeune femme va jouer un rôle déterminant dans l’enquête. Elle a un profil atypique ; tour à tour mannequin, styliste, technicienne dans une centrale nucléaire, elle gère de main de maître cette association.

Pour elle tous les moyens sont bons pour démasquer le ou les coupables… même la manipulation la plus effrontée… un jeu dangereux qu’elle n’hésite pas à mener…



Je n’en dirai pas plus, le livre est passionnant. Il vous emmène dans les arcanes du système judiciaire suédois.

L’auteur emploie un style journalistique et beaucoup de précision dans les termes légaux. Le récit est vivant, on ne s’ennuie pas une minute et la peinture psychologique des principaux personnages est passionnante aussi.



L’auteur a réalisé un gigantesque travail de recherche et de synthèse. Il s’est basé sur des rapports de la police, des interviews, des enregistrements des procès, des articles.



Un petit mot sur l’auteur Joakim Palmkvist pour finir : il n’est pas encore traduit en français (quel dommage..) c’est un journaliste d’expérience, reporter de faits criminels. Il a interviewé quelques-uns des plus « célèbres » criminels et il vit sous une identité protégée après avois publié des documents sur la mafia et les groupes extrémistes. Il vit à Malmö.