Ceux des collines et les Mexicains sont arrivés le même jour. Un mercredi, en ce début du mois de septembre 1952. À trois semaines de la fin de la saison, les Cardinals de Saint Louis avaient cinq points de retard sur les Dodgers de Brooklyn ; la situation paraissait désespérée. Mais le coton montait à la taille de mon père, au-dessus de ma tête. Je l'avais surpris, avant le souper, échangeant à voix basse avec mon grand-père des paroles que nous n'avions pas l'habitude d'entendre ; il était question d'une « bonne récolte ».
C'étaient des fermiers, travailleurs, durs au mal, qui ne cédaient au pessimisme qu'en parlant du temps et de la récolte : trop de soleil ou trop de pluie, des risques d’inondation des terres basses, le prix des semences et ; des engrais, les incertitudes des marchés. « Sois tranquille, me soufflait ma mère au terme d'une de ces journées qu'aucun nuage n'avait obscurcies, les hommes vont trouver quelque chose qui les chagrine.