Sonnet pour dormir
Ô doux embaumeur du calme minuit !
Fermant, avec des doigts soigneux et bienveillants,
Nos yeux sombres et agréables, enfermés par la lumière,
Ensevelis dans l'oubli divin ;
Ô sommeil le plus doux ! s'il te plaît, ferme,
Au milieu de ton hymne, mes yeux bienveillants.
Ou attends l'Amen, avant que ton coquelicot ne jette
Autour de mon lit ses charités apaisantes ;
Alors sauvez-moi, ou le jour passé brillera
sur mon oreiller, engendrant bien des malheurs ;
Sauvez-moi de la conscience curieuse, qui accumule encore
sa force pour les ténèbres, creusant comme une taupe ;
Tourne habilement la clef dans les salles huilées,
Et scelle le cercueil feutré de mon âme.