L’Obscurci s’arrêta, puis prêta l’oreille. Jamais il n’avait entendu quelque chose d’aussi délicieux, un bruit qui réveillait, rafraîchissait et berçait tout à la fois. Ce n’était d’ailleurs pas un bruit mais une musique. Ephraïm n’avait jamais entendu de musique mais imaginait que ce devait être comme cela. Pour la première fois, tout ce qui l’assourdissait s’étant dissous, le monde se faisait entendre dans sa limpidité éclatante. Il comprit que près de lui, invisible dans l’herbe drue du vallon qu’il longeait – les pays où règne l’été une chaleur de fournaise savent ménager, derrière l’obstacle d’un rocher ou au bout de la descente d’un raidillon, de secrets paysages verdoyants –, de l’eau coulait.