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EAN : 9782848591841
142 pages
Zinedi-Publedit (11/10/2018)
4.19/5   8 notes
Résumé :
1896. Pourquoi le padre Pinto abandonne-t-il un jour d’été son église de Castelo das Fontes ? Pourquoi l’Obscurci, le simple d’esprit d’Altas Pedras, un étrange village voisin, se lance-t-il au même moment sur les chemins et les routes de la Serra da Estrela, au nord du Portugal ? À des milles de là, dans l’archipel du Cap-Vert, qu’est-ce qui, tôt un matin, décide Artémisia, une jeune métisse, esclave affranchie, à quitter la plantation de Campina Morna ? À travers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie les Éditions ZINEDI et BABELIO pour cette belle découverte, j'ai en effet beaucoup apprécié ce court roman, l'histoire qui nous est racontée est originale et la qualité de l'écriture de Joëlle Tiano-Moussafir sublime le récit.

Nous sommes en 1896, 75 ans après, les feux mal éteints de l'Inquisition fument encore dans les mémoires.

C'est le silence des cloches qui a alerté les habitants de Castelo das Fontes un village montagneux du Portugal, le Padre Pinto a disparu. Certains ont imaginé une histoire de femmes, d'autres l'ont aperçu deux mois avant sa disparition converser avec un étranger. Pourquoi se réveillait-il chaque nuit la chemise trempée ? Ce qui est sûr c'est qu'il a embarqué sur une goélette à destination de l'archipel du Cap-Vert une colonie africaine pour oublier ses cauchemars et panser la plaie d'une identité cachée.

De l'autre côté de la montagne, à Atlas Pedras, un village sombre de maisons troglodytes, Ephraïm un simple d'esprit, mais habile savetier se met en route pour partir jusqu'à Jérusalem à la rencontre des frères qui par le monde sont restés fidèles à la foi de leur père.

Artemisia petite fille d'esclaves a toujours espéré quitter la plantation où ses parents travaillent entravés comme des chiens pour subsister. Elle s'en qu'un jour elle s'en ira.
Les destins de ces trois personnages vont se croiser dans ce récit sorte de voyage initiatique.

Un prêtre habité par la foi depuis son enfance, apprend qu'il n'est pas celui qu'il croyait être, il descend de ceux qui ont jugé et précipité la mort du Christ. Un savetier fruit de la consanguinité qui ignore tout des souffrances de ses frères, mais il sait seulement qu'il veut aller les retrouver. Ces deux hommes vont donc se mettre en route, une quête pour retrouver leurs origines et leur foi.

Je ne connaissais pas du tout l'histoire des Marranes juifs d'Espagne et du Portugal convertis par la force au christianisme, mais restés fidèles à leur religion. Pourchassés par milliers à partir du XVe siècle, torturés, brûlés sur les bûchers de l'Inquisition. Mourir ou s'exiler tel était leur choix. Ce roman m'a plu par la sérénité et la poésie qu'il dégage. Il n'y a que trois personnages, mais ils sont lumineux. L'auteur décrit parfaitement les doutes de ce prêtre catholique confronté à la révélation de ses origines et ses tourments face à l'amour.

Mais surtout, ce livre est une ode à la marche, un hommage à son pouvoir cicatrisant pour effacer les blessures et aider à se reconstruire et c'est avec plaisir que l'on accompagne le Padre Pinto et Ephraïm sur les chemins.

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Trois histoires en parallèle, trois voix qui racontent une histoire commune de fuite et de quête, d'acceptation de soi et de pardon.
Ce très court roman a un charme indéniable, il se lit comme un conte, avec pour personnages principaux un prêtre portugais, un homme simple d'esprit qui a de l'or dans les mains et une jeune femme, esclave affranchie qui brûle d'assouvir sa toute nouvelle liberté.
Je n'avais jamais entendu parler des « Marranes » je vous laisse découvrir ce dont il s'agit.
J'ai un peu regretté que cela ne soit pas davantage expliqué, j'ai dû aller faire quelques recherches pour mieux comprendre ce que c'est, car le roman le mentionne mais n'explique pas grand-chose.
Tout est suggéré, comme un voile qu'on soulève légèrement et dont on devine sommairement ce qu'il recouvrait.
L'écriture est tout en finesse, en légèreté, empreinte d'une poésie qui entraîne le lecteur sur des chemins pendant des milliers de kilomètres dans un univers chaud, moite et presque onirique.
Je remercie chaleureusement l'éditrice de m'avoir proposé ce livre.
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Un résumé intriguant, un titre poétique...

Il ne m'en fallait pas plus pour me jeter à l'eau! Et ça valait le coup!

Petit texte court, mais fort, mené d'une plume de maître ce roman nous plonge dans les interrogations, espoirs, désespoirs de 3 personnes totalement différentes les unes des autres, mais dont les destins se lieront par le jeu du hasard (ou du destin?).

Tout un art du non-dit nous permet de deviner l'origine du tourment de l'un, du bonheur de l'autre et de la sérénité de la dernière. Sans mettre de mots sur les maux, l'auteure rend d'autant mieux l'ambiance de silence et de sous-entendus qui accompagne les vies de ces protagonistes qui sont fictifs mais décrivent une réalité sociale et culturelle du Portugal.

Je n'en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir comme moi de découvrir ce qui jette sur les route le Padre Pinto... Et ce qui lie chacun à l'autre!

Mais une chose est sure: ce roman est poétique, doux, marquant!
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L'auteure revient aujourd'hui avec un nouveau titre qui nous entraîne, entre l'Europe et l'Afrique, à la suite de trois personnages en quête de leur identité. Nous sommes au Portugal en 1896, un jour le Padre Pinto abandonne brusquement sa paroisse et embarque sur un trois-mâts à destination des îles du Cap-Vert. Cette décision soudaine est née d'une rencontre dans la montagne avec un inconnu, Ephraïm, qui lui fait alors une étrange révélation. Ephraïm est lui-même en route, mais ses pas le mènent vers le nord de l'Europe. Pendant ce temps, sur l'île de San Antão, une jeune descendante d'esclaves, Artémisia, quitte elle aussi la plantation où elle est née et prend en main son existence.

La rencontre de ses trois personnages est prétexte à nous rappeler, d'une part, le sort des conversos, ces Juifs de la péninsule ibérique qui, au XIVe siècle, ont dû abjurer leur foi et se convertir au catholicisme, et de l'autre, à une réflexion originale sur l'apprentissage de la liberté.

L'auteure aime jeter des ponts entre les continents et brasser les cultures. Si la transmission était à l'honneur dans son précédent roman, c'est l'appartenance qui sert ici de fil conducteur. J'ai retrouvé avec plaisir la simplicité poétique de l'écriture de Joëlle Tiano, mise ici au service de la quête de ses personnages, mais également la plume sensuelle qui vient encore chatouiller nos narines et nos papilles, puis ravir nos yeux de bien beaux paysages. Comme la couverture y invite, je dirais que le texte s'apparente plus à une aquarelle qu'à un tableau réaliste, car l'auteure dilue la grande Histoire dans la douceur de sa narration et mêle, par de délicates touches fondues, les chemins de ses personnages qui les conduira vers un horizon lumineux.

Je remercie Fabienne Germain pour l'envoi et Joëlle Tiano pour m'avoir informée de la sortie de son livre.
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Quand on a proposé de découvrir ce livre, je n'ai pas hésité longtemps car j'avais beaucoup aimé le roman précédent de l'auteure "L'enchanteur et illustrissime gâteau café-café d'Irina Sasson", un livre voyageur proposé par Moustafette, au temps préhistorique des blogs (2007).

J'ai mis un peu de temps à entrer dans "le sel des larmes est parfois doux" mais une fois immergée dans l'histoire j'ai apprécié ce voyage qui nous mène du Portugal, à l'archipel du Cap Vert. Les personnages centraux du roman sont le Padre Pinto, Ephraîm le simple d'esprit et la jeune métisse Artémisia. le destin de ces trois personnages va converger, au terme de différentes aventures et de leur cheminement intérieur.

Si ce livre nous offre un périple géographique assez atypique, il nous offre aussi un voyage dans l'histoire (avec un grand H). Nous sommes en 1896 et il est question des "Conversos", dont très honnêtement, je ne connaissais pas bien l'histoire. J'ai donc fait quelques recherches pour mieux appréhender l'évolution de ces juifs d'Espagne, qui ont dû se convertir au christianisme après les pogroms de la fin du XIVe siècle, tout en restant secrètement fidèles au judaïsme.

L'écriture de Joëlle Tiano est poétique et imagée. Comme dans son précédent ouvrage, elle met nos sens en éveil : "Maintenant, ici, il s'émerveillait de la vivacité et de la rondeur des jaunes, de la profusion et des vibrations des rouges orangés et des rouilles ; de la beauté parfaite des rouges clairs et des cramoisis, de l'éclat des vermillons, de l'épanouissement des rubis, de la sombre intensité des pourpres".

Parmi les différents personnages, c'est Artémisia qui a ma préférence. J'ai admiré cette femme forte, libre et indépendante tout au long de sa vie mais aussi fidèle en amour : "Vaillante, ardente et fière, Artémésia l'avait toujours été. Au fil des années elle gagna la sagesse que le temps confère et fût, dans la seconde moitié de sa vie, comme la reine morale du village, sa figure tutélaire...".

Un livre de cette rentrée qui n'a pas fait beaucoup de bruit mais mérite pourtant le détour.
Lien : http://www.sylire.com/2018/1..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un matin où une fois encore il s’émerveillait de son adresse et de la façon dont, à grandes enjambées, elle gravissait la montagne, il lui apparut, très clairement cette fois, que si l’Église s’était trompée sur le danger que représentait à ses yeux la beauté des femmes, oui, décidément, d’autres de ses certitudes méritaient examen... Comme le mépris où étaient tenues la vie d’ici-bas, la joie des corps, et peut-être fut ce jour-là qu’il commença à se demander s’il fallait condamner sans appel ses ancêtres du temps du Christ.
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L’Obscurci s’arrêta, puis prêta l’oreille. Jamais il n’avait entendu quelque chose d’aussi délicieux, un bruit qui réveillait, rafraîchissait et berçait tout à la fois. Ce n’était d’ailleurs pas un bruit mais une musique. Ephraïm n’avait jamais entendu de musique mais imaginait que ce devait être comme cela. Pour la première fois, tout ce qui l’assourdissait s’étant dissous, le monde se faisait entendre dans sa limpidité éclatante. Il comprit que près de lui, invisible dans l’herbe drue du vallon qu’il longeait – les pays où règne l’été une chaleur de fournaise savent ménager, derrière l’obstacle d’un rocher ou au bout de la descente d’un raidillon, de secrets paysages verdoyants –, de l’eau coulait.
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Maintenant, ici, il s'émerveillait de la vivacité et de la rondeur des jaunes, de la profusion et des vibrations des rouges orangés et des rouilles ; de la beauté parfaite des rouges clairs et des cramoisis, de l'éclat des vermillons, de l'épanouissement des rubis, de la sombre intensité des pourpres. C'était comme si , avant de mourir et de venir joncher le sol dans leur petite chute sèche, ou portées par le vent, descendant, hésitantes, en tournoyant, avant de venir se poser délicatement à terre, les feuilles voulaient faire éclater toutes les couleurs dont elles étaient capables.
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Apprendre qu'on n'est pas celui ou celle qu'on croyait être parce que l'un de vos ascendants ne l'est pas en réalité, est déjà vertigineux, mais troquer la certitude de son identité et d'une lignée tranquille contre un ancêtre désigné comme ignominieux peut vous faire perdre la raison.
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