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Citation de dconstanciel


Tout en essuyant la lame de son rasoir qui faisait partie d'une série de douze dans un écrin, il revoyait l'océan enveloppé d'une brume étincelante et un courrier des Indes avec ses vergues en pagaye et ses voiles en ralingue au-dessus du pont couvert de sang qu'avait envahi une bande de corsaires, et, dominant l'horizon lointain, l'île de Ceylan, comme un nuage bleu. Il avait toujours eu envie de posséder une série de ces rasoirs anglais et c'est là qu'il l'avait trouvée ; il était, pour ainsi dire, tombé dessus : la boîte gisait par terre dans une cabine déjà saccagée. Pour du bon acier, c'était du bon acier, se disait-il en regardant fixement la lame. Et pourtant, elle était presque usée. Les autres aussi. Cet acier-là ! Et il tenait l'écrin dans sa main, comme s'il venait de le ramasser par terre. Le même écrin. Le même homme. Et l'acier était usé. Il referma brusquement l'écrin, le jeta dans son coffre resté ouvert et laissa retomber le couvercle. Le sentiment qui lui monta au cœur et que des hommes plus conscients que lui avaient éprouvé, c'était que la vie était un songe plus impalpable encore que cette vision de Ceylan, étendue comme un nuage au-dessus de la mer. Un songe derrière soi. Un songe devant soi. Cette philosophie désenchantée prit la forme d'un violent juron : " Sacré nom de nom de nom... Tonnerre de bon Dieu ! "
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