AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de fontaine


[Augustin et sa mère regrettant qu'il ait perdu la foi]

Il avait déjà constaté cette forme d’esprit chez sa mère. Elle consistait à croire que tout ce qu’on sentait en lui de fermé aux dogmes catholiques, ne leur était contraire que superficiellement, recouvrait des réalités profondes entièrement conformes, quoique discernables aux seuls yeux maternels. Et c’était pour Augustin lui-même, une épreuve que d’ignorer cette conformité.
Cette attitude ne s’affirmait dans aucune phrase directe mais toutes l’impliquaient. Rien, d’ailleurs, en sa mère ne prétendait arracher au secret de leur vie autonome les émotions, les doutes, les désirs, propriété d’Augustin et de personne d’autre. Elle sentait bien qu’elle ne pouvait pas, qu’elle n’eût pas compris. Elle acceptait doucement de ne pas pouvoir et de ne pas comprendre...
– Dieu sait bien reconnaître la bonne volonté, disait-elle, même quand nos pauvres yeux de la terre ne l’aperçoivent pas. Ah ! celui-là...
La comparaison ne s’achevait pas. Ce qui était très philosophique, car avec qui comparer Dieu ?
Augustin se rappelait s’être demandé jadis, dans les mois qui suivirent sa crise et la mort de son père, comment il s’y prendrait pour minimiser à ces femmes [sa mère et sa soeur] la grande transformation de sa pensée. L’amertume qu’elles risquaient d’en ressentir lui était intolérable. Il haïssait les intransigeances dont il avait eu quelques exemples. Elles protégeaient, habituellement, des pensées d’une qualité fort médiocre et des cœurs bas.

[''Augustin ou Le Maître est là'', Cerf, Paris, 2014, p. 374.]
Commenter  J’apprécie          20









{* *}