En cette fin d'année,Mémé ne descend plus souvent de sa chambre ,ses soixante-dix-neuf ans lui pèsent. Le coeur a dit le docteur,et comme elle nous a dit le 15 novembre dernier, jour de son anniversaire 《 maintenant je mange le pain de mes quatre-vingt!》.
Ce pain qu'elle a si durement gagné a vite ėtė consommé. Elle avait encore monté des mailles pour faire un tricot.Mémé nous a quittés le 23 janvier 1962.( page 276).
Munie d'un couvercle à bords arrondis,ce n'etait pas une caisse à bois ordinaire!
Sa situation,la mieux éclairée de la pièce, sous la fenêtre ,à côté de la cuisinière une " Idéal Culina" bois charbon,sa bonne hauteur formant banquette,ont fait ,que dès son installation tous trouvèrent l'endroit convivial,un lieu de rencontre où il faisait bon s'asseoir et discuter. Car chez nous on parlait beaucoup en famille et lorsque les voisines venaient ,il existait comme un bruit de fond qui s'amplifiait encore lorsque Mémé Rose ,ma grand-mère maternelle, qui était aussi ma marraine ,était présente.
Une carpette sous les pieds,on y buvait le café on " babollait ".....
Et nous les enfants,assis dans un coin de la table ,en jouant ,en faisant nos devoirs , on entendait sans écouter parfois.
C'est ainsi que se sont inscrits ,gravés dans ma mémoire ,des moments inoubliables de la vie de Mémé Rose.
Ce n'est que bien plus tard ,cherchant mes racines,en construisant mon arbre généalogique, que le déclic s'est produit--et j'ai voulu raconter.
En une semaine Cluses s'est vidé.Les hommes qui ne sont pas partis les premiers jours attendent avec anxiété leur feuille de mobilisation.
Les paysans sont mis à contribution, l'armée prend leur hommes et leur bétail. Dorénavant les femmes devront assurer la bonne marche de la ferme ainsi que les gros travaux.
Dans la première semaine, cent quarante-sept chevaux sont réquisitionnés et rassemblés devant la mairie de Cluses avant d'être conduits à Grenoble par chemin de fer.
Ils doivent fournir également à l'armée cent trente quintaux de foin ,vingt boeufs ou vaches ,des couvertures et du charbon de bois.
Dans les usines beaucoup de machines sont à l'arrêt, faute d'ouvriers, des ateliers entiers sont complètement désorganisés. Les patrons doivent composer avec le personnel restant .Un mois d'août difficile à gérer, tant sur le plan des livraisons des commandes que sur l'adaptation des femmes sur les postes clés.( page 188).
CERNEX
LA FAMILLE FANTINI
Je m'appelle FANTINI Françoise Rose.Mes parents m'ont toujours appelée Rose.je suis née le 15 novembre 1882 à Vers,petit village de Haute Savoie,situé à une dizaine de kilomètres de Saint -Julien -en -Genevois.
Préambule
Modane 1897.
Le train sortait du tunnel.La fumée mêlėe à la condensation,avait pénétré et envahit progressivement le wagon,accentuant encore le malaise d'une mauvaise nuit.