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Citation de Au_coeur_des_cernes


Voyez comment un enfant ensommeillé s’arrange pour repousser l’inévitable moment d’aller au lit. La petite créature a les yeux qui se ferment, il faut sans cesse la secouer pour l’empêcher de sombrer dans un sommeil qui lui tend les bras. Rester éveillé, pour le bambin, est une douleur. Il est mort de fatigue, il pleurniche, il fait le bête, et pourtant il implore un délai, ne veut pas aller se coucher, jure qu’il n’a pas sommeil, même au moment où la mère le prend dans ses bras pour l’emporter, déjà endormi, dans la chambre d’enfant. Il en va ainsi de nous, vieux enfants de la terre, du grand sommeil de la mort, et de la nature, notre tendre mère. On se sépare de la conscience avec la même mauvaise grâce, tant l’image est, jusqu’au dernier moment, intéressante, et l’oiseau que l’ont tient dans la main, même malade et perdant ses plumes, a plus de prix que tous les brillants habitants des buissons. On se met stupidement sur son séant, en bâillant et clignant des yeux, et la scène entière se brouille devant nous, tandis que les histoires et les mélodies se noient dans le bruit des vents et des eaux lointaines. Ce n’est pas encore l’heure. Nous ne sommes pas fatigués. Encore une heure, et, protestant ainsi contre le lit, nous fermons les yeux pour sombrer dans le sommeil sans rêves que la nature assigne à la fatigue et à la satiété. 
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