Boy-Żeleński, traducteur polonais de Proust, qui est arrivé à traduire plus de la moitié de son oeuvre avant la guerre de 1939, et dont bien des pages sont un chef-d'oeuvre littéraire polonais (...) a volontairement éclairci le texte proustien. Proust voulait être largement populaire. C'est faux d'en faire un écrivain de chapelle, il faut l'éditer d'une manière qui le rende le plus lisible. (...) "J'ai sacrifié le précieux pour l'essentiel", affirmait Boy. Le résultat immédiat fut que Proust se lisait si facilement dès sa parution en polonais qu'on aimait à raconter une blague à Varsovie, qu'il faudrait retraduire Proust en français d'après la traduction polonaise, et que c'est alors seulement qu'il deviendrait un écrivain enfin populaire en France.