- Vois-tu, - reprit-elle, - quand on a sondé ta blessure, j'étais là. Tu ne me voyais pas. Je me dérobais derrière les rideaux, mais j'étais là. Je n'approchai de toi que quand tu te fus entièrement évanoui sous la douleur qu'on te fit endurer. Le médecin me prit pour ta maîtresse ; il se trompait : je n'étais encore que ton esclave. Je me jetai sur cette plaie saignante ; il m'en écarta ; mais je saisis son scalpel et je menaçai de l'en frapper s'il résistait à ma volonté. J'avais entendu dire que sucer les blessures les empêchait d'être mortelles, et je voulus sucer la tienne.
J'ai donc bu de ton sang ! - ajouta-t-elle avec une inexprimable fierté de sensuelle tendresse. - Ils disent, dans mon pays, que c'est un charme... que quand on a bu du sang l'un de l'autre, rien ne peut plus séparer la vie, rompre la chaîne de l'amour. Aussi veux-je, Ryno, que tu boives de mon sang comme j'ai bu du tien. Tu en boiras, n'est-ce pas, mon amour ?...
Une vieille maîtresse