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Citation de Jacopo


Un de nos plus célèbres paysagistes, et l'un des maîtres les plus délicats du genre, qui, tout en prenant la réalité pour base, cherche avant tout à en exprimer le rayonnement, M. Français, qui s'est contenté d'envoyer au Salon une admirable aquarelle, nous disait : « Je suis heureux et fier de deux de mes élèves qui sont au premier rang cette année parmi les paysagistes : c'est Baudouin et Rapin. » — Ce rapprochement de noms de deux artistes dont l'un excitait naturellement notre curiosité comme compatriote, et dont l'autre avait été signalé à l'attention publique par les journaux depuis l'ouverture du Salon, nous a donné envie de nous rendre compte de l'œuvre de M. Rapin ; et si nous nous écartons en ce moment de notre programme régional par un aperçu hors barrière, c'est par pur esprit d'examen, et parce que nous aimons à tout connaître. La place occupée du reste par M. Rapin justifie bien qu'on s'arrête devant ses deux toiles. Ce sont deux vastes paysages, qui n'ont d'autre sujet que le spectacle de la nature à deux saisons et à des heures parfaitement opposées. — La pointe de sentiment, comme on voit, mêlée à la réalité : c'est en cela que l'artiste est peintre et poète. — L'un représente le matin au printemps, et l'autre le soir, en décembre, dans les bois de Gernay. Le Matin est un paysage frais, une idylle qui n'a pour acteurs visibles que la verdure et l'eau gazouillant sous bois sur les cailloux. La nature encore tendre se réveille; les dernières vapeurs du crépuscule, mêlées aux premiers rayons du soleil, estompent le sommet des arbres au fond du bois. Il y a là comme un reste de brouillard qui va disparaître, et c'est ce qui constitue la poésie du tableau. Sur le premier plan, au contraire, la terre est plantureuse et d'une végétation touffue, qui n'a rien eu encore à souffrir des baisers trop brûlants de l'été. On a envie de se retremper là dans un bain d'isolement, au murmure d'une eau courante. Le merle siffle dans les branches ; on entend partout des roucoulements et des appels de la nature en travail. Il nous semble que nous avons fait souvent cette promenade à la même heure, dans les bois de Glamart, — tant il est vrai, comme nous le disions plus haut, à propos des paysages du Midi, que la nature ne varie guère sous un même climat.
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