Cet autre, au crâne aplati comme d'une tête de vipère, les lèvres brouttantes comme le museau d'un rat, est un ancien pensionnaire des Centrales. Ils ont tous cette manie-là, les échappés de ces prisons où il est défendu de parler, où l'on ne cause qu'à voix basse en grignotant les mots comme les rongeurs mangent le bois, où l'on glisse aussi plutôt qu'on y marche, comme les reptiles. Il est devenu fou dans l'horreur du silence, et il se venge d'avoir été muet si longtemps en jetant sans trêve des mots sans suite qu'écoute, émerveillée, son oreille pelée et frémissante.
Celui-ci a des moustaches de sacripant, les cheveux rouges et les mains velues. Mais ses mains ne lui servent qu'à fouiller son crâne qu'il croit toujours sentir tomber.