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Citation de Carosand


Connaissez-vous la chanson des Etrennes, celle qui se chante dans les villages qui donnent sur l'orient du Mulhacem ?

Elle revient, la Bonne-Nuit ;
elle s'en va, la Bonne-Nuit.
Nous autres, nous nous en irons,
et jamais nous ne reviendrons.

En dépit de mes jeunes années, ce couplet me glaça le cœur.
Et c'est que, devant mes yeux, tous les horizons mélancoliques de la vie s'étaient subitement déployés.
Ce fut un coup d'intuition impropre de mon âge, un prodige de pressentiment, un présage des amertumes ineffables de la poésie ; ce fut ma première inspiration... Le fait est que je vis avec une merveilleuse netteté le destin fatal des trois générations réunies et qui constituaient ma famille. Le fait est que mes grands-mères, mes parents et mes frères me parurent une armée en marche. L'avant-garde entrait déjà dans la tombe, alors que l'arrière-garde n'avait pas fini de sortir du berceau. Et ces trois générations composaient un siècle ! Et tous les siècles avaient été pareils ! Et le nôtre disparaîtrait comme les autres, et comme tous ceux qui viendraient après lui ! ...
Telle est l'implacable monotonie du temps, le pendule qui oscille dans l'espace, l'indifférente répétition des faits, contrastant avec nos légères années de pèlerinage sur la terre...
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