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Citation de Corboland78


Mon grand-père avait coutume de se mettre de la brillantine dans les cheveux, et la têtière de son fauteuil Parker Knoll - à haut dossier et joues pleines contre lesquelles il pouvait somnoler - n'était pas seulement décorative. Ses cheveux avaient blanchi plus tôt que ceux de grand-mère; il avait une moustache militaire coupée court, une pipe à tuyau métallique et une blague à tabac qui distendait la poche de son cardigan. Il portait aussi un gros appareil acoustique: un autre aspect du monde adulte - ou plutôt, d'une phase lointaine de la vie adulte - dont mon frère et moi aimions nous moquer. «Pardon?» me criait-il ou lui criais-je satiriquement en mettant une main en coupe à l'oreille. Nous guettions le moment très prisé où l'estomac de grand-maman gronderait assez fort pour que grand-papa perçoive le bruit malgré sa surdité et demande: «Téléphone, Ma?» Après un grognement embarrassé de celle-ci, ils retournaient à la lecture de leurs journaux. Grand-père, dans son fauteuil masculin, son Sonotone sifflant parfois et sa pipe faisant un petit bruit de liquide aspiré quand il tirait dessus, hochait la tête en lisant le Daily Express, qui décrivait un monde où la vérité et la justice étaient constamment mises en péril par la Menace communiste. Dans son fauteuil plus moelleux et féminin - dans le coin rouge -, grand-mère émettait des tss-tss de désapprobation en lisant son Daily Worker, qui décrivait un monde où la vérité et la justice, dans leurs versions actualisées, étaient constamment mises en péril par le Capitalisme et l'Impérialisme.
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