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Citation de Livressence


Bonjour Céleste,
Merci pour ton message. Oui, je dors mieux, le corps s’habitue petit à petit à la chaleur.
Pourquoi est-ce que tu ne demandes pas ta mutation pour les DOM-TOM ? Tente ta chance ! Et fais l’expérience — je suis sûre que tu vas adorer !
À Bangkok, où je ne vais d’ailleurs pas rester, je suis venue photographier le travail d’une assoce qui s’occupe de jeunes filles et de transsexuelles de la rue pour leur éviter de se prostituer. Je vais suivre l’équipe pendant trois mois pour témoigner de leur travail sur le terrain et aussi de l’évolution des filles. C’est la première fois que je fais ça, la cause m’a touchée et je me suis démenée pour être sur le coup.
Et pour répondre à ta question, non, je n’ai pas toujours été aussi aventureuse. J’ai passé un bac pro de photographe au Lycée Brassaï à Paris et comme j’avais un bon dossier, on m’a inscrite en BTS. Mais j’ai toujours été pour l’expérience, alors je me suis mise à bosser à droite à gauche, en assistant des photographes de mode et d’architecture. En développant mon style et en montrant mes clichés, on ne m’embauchait plus comme assistante mais comme photographe. J’ai laissé tomber le BTS et me suis mise à mon compte. Mais l’architecture m’a vite lassée, et le milieu de la mode n’est pas très reluisant. Les filles sont sous substances pour tenir sans manger, beaucoup font la gueule quand elles voient que derrière l’objectif ce n’est pas un mec qu’elles pourront se taper pour s’assurer d’autres shootings, sans compter que j’ai jamais été douée pour gérer les caprices — je suis photographe, pas nounou. Bref, mes premières années en tant que photographe n’ont pas été des plus épanouissantes : horaires décalés, non-stop tous les week-ends, sans jamais savoir à quelle heure du jour ou de la nuit on aura fini… Ma copine n’a pas supporté et m’a quittée. Ça m’a foutue en l’air, parce que j’avais rien vu venir ; je croyais qu’on était en train de construire quelque chose. Alors, je suis partie sur un coup de tête. J’ai entendu dire qu’une assoce humanitaire était à la recherche d’un photographe pour couvrir leur mission de forage de puits et de construction d’une école au Togo. J’y suis restée deux mois et ça m’a transformée. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais fait de shooting. Photographier des visages vrais et non des mises en scène, témoigner de conditions difficiles ou de différences culturelles, ça c’est ce que j’aime. J’ai trouvé ma place.
Euh, je crois que je t’en ai beaucoup confié, là… Je ne suis pas très bavarde sur mon passé, d’habitude. Mais comme tu m’as posé la question, alors voilà !
Je t’envoie un peu de chaleur à mon tour. À bientôt !
Robine
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