Je dois dire que j’ai commencé Parfait avec quelques préjugés, surtout à cause de la couverture (que décidément, je trouve bien trop « girly » par rapport au thème du roman). Mais rapidement, j’ai laissé mes pressentiments de côté car Parfait a su me surprendre, et me plaire, malgré ma première impression.
L’histoire débute avec une scène très forte : des naissances, du point de vue d’une Porteuse, traitée d’une façon inattendue, révoltante. Je pense que cette scène pourrait presque choquer certains lecteurs ; attention aux âmes les plus sensibles au glauque ! Ici pas de violence à proprement parler, sinon un malaise diffus quant au train de vie qu’on impose aux Porteuses. J’imagine que l’auteure a fait exprès d’entamer son roman de la sorte, compte tenu du sujet abordé : les dessous d’une société qui se veut parfaite mais qui a plus d’un squelette dans son placard. Pour cela, le background est excellent ; à part quelques notions géographiques un peu troubles, l’univers est parfaitement défini et contrôlé.
Nous enchaînons sur une série de scènes plus calmes et qui traitent du sujet d’une façon plus subtile : les Durtin veulent adopter un enfant et ils ont des goûts difficiles… Nous suivons leurs accueils et renvois successifs tour à tour de leur point de vue ou de celui des enfants qu’ils refusent ; point de vue des adultes qui fait froid dans le dis ou point de vue des petits en bas-âge qui sont plus attendrissants qu’autre chose. Néanmoins, cette partie du roman compte beaucoup de moments touchants et émouvants : certains enfants trouvent une famille aimante loin des Durtin, d’autres partent définitivement sous terre, victimes du système…
Et enfin, nous rencontrons Akhim. Alors, après la préparation du décor, commence réellement l’histoire.
Le point de vue est interne à Akhim, même si l’auteure s’accorde quelques libertés par moments pour mieux exprimer certains détails par les yeux d’autres personnages. Néanmoins, l’écriture décrit avec un certain détachement les sentiments d’Akhim, et j’ai trouvé ça dommage car je n’arrivais pas vraiment à m’attacher à lui. Je ne saurais pointer clairement ce qui m’a gênée ; une espèce de distance par rapport au narrateur, une froideur dans le style un peu trop fade. L’accent est placé sur la description et la narration que je pourrais qualifier de « passives », mais c’est plus une allure différente du style de l’auteure qu’un véritable défaut.
Akhim découvre et analyse son univers en même temps que nous, et cela s’avère très instructif. En effet, s’il tilte directement sur certains aspects de sa vie quotidienne, d’autres n’attirent pas son attention mais la nôtre, en partie souvent à cause de son jeune âge. Ces éléments que nous-seuls semblons remarquer sont plus subtils et insistent principalement sur les différences entre ce monde futuriste et notre époque, plutôt que sur ses imperfections et ses injustices.
L’intrigue se développe bien ; je dois dire que le mot « anticipation » sur la couverture m’a fait penser à un sous-titre et que j’ai cru, pendant toute ma lecture, que Parfait aurait plusieurs tomes. J’ai compris mon erreur en arrivant vers les deux tiers du roman et en constatant que l’histoire avançait bien trop vite pour tenir sur plus d’un roman. Cela a un peu faussé ma perception de l’histoire mais je suis vite retombée sur mes pieds et, contrairement à ce que j’ai pu vivre dans des lectures passées (avec Les Héritiers de l’Aube notamment, je n’ai compris qu’après-coup qu’il n’y aurait pas de tome 4…), j’ai pu apprécier la fin sans me méprendre sur son sens. Je l’ai trouvée bien gérée, malgré les dernières pages qui m’ont déplu, mais j’y reviendrai. Le roman a porté de grandes attentes quant à son dénouement, et il s’est avéré à la hauteur de mes espérances de lectrice.
Le défaut majeur de Parfait reste, pour moi, les petites « coïncidences » qu’on trouve parfois pour redonner une touche d’optimisme à l’histoire : le lien entre Akhim et Théodora, les rebondissements de Léon (c’est sibyllin comme expression, mais vous comprendrez en lisant), Celia et Cédric… Ces coïncidences sont certes cohérentes, mais pas toujours crédibles, même si elles sont leur charme, je l’accorde.
En revanche, l’happy end dans les dernières pages, c’est tellement peu crédible que ça perd tout son intérêt. Je n’ai pas du tout aimé, trop invraisemblable, et ça tombe comme un cheveu sur la soupe ! Dans la même veine, la situation finale a des caractéristiques très marquées d’utopie, qui font chaud au cœur après les aventures d’Akhim dans cet univers cauchemardesque, mais encore une fois, la crédibilité n’est pas complètement au rendez-vous et cela gâche un peu le plaisir. Bien sûr comme il s’agit de la fin du roman je retiens mes mots pour ne rien gâcher aux futurs lecteurs. Le but serait-il de nous servir une utopie pour nous rassurer, faire office de morale sans chercher à tout prix à refléter la réalité ?
Autre petit bémol, mais minime : quelques fautes de frappe parsèment le texte, assez pour que je le note. Mais pas de panique, ça ne gêne pas tant que ça la lecture.
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