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Citation de Woland


Extrait de "Le Lierre de Yoshino" :

[...] ... La nostalgie particulière de Tsumura pour la région de Yoshino était due en partie à l'influence des "Mille Cerisiers" [pièce de théâtre axée sur les rapports mère-fils]. L'autre raison était qu'il savait que sa mère était originaire de la province de Yamato. L'endroit exact d'où elle venait et la question de savoir si sa famille avait survécu restèrent enveloppés de mystères assez longtemps. Il interrogea sa grand-mère [paternelle], dans le désir d'en connaître le plus possible tant qu'elle vivait, mais il était incapable de susciter des réponses claires : elle disait simplement qu'elle ne s'en souvenait pas. Etrangement, aucune de ses tantes, aucun de ses oncles ne savait non plus d'où venait sa mère. Comme les Tsumura constituaient une ancienne famille, une relation de deux ou trois générations aurait été une chose qui va de soi dans des conditions normales ; or, il me semble que la mère de Tsumura n'était pas directement venue de Yamato pour épouser son père, mais qu'elle avait été vendue dans son enfance à une maison de geisha d'Ôsaka, et elle avait été adoptée par une famille respectable avant son mariage. D'après les registres familiaux, elle était née en 1863 ; elle avait été épousée en 1877, à l'âge de quatorze ans, par Urakado Yoshiijûrô, habitant à San-chôme, Imabashi, et elle était morte en 1891, à vingt-huit ans. C'est tout ce que Tsumura avait été en mesure d'apprendre au sujet de sa mère avant de quitter le collège. Plus tard, il se rendit compte que sa grand-mère et d'autres personnes âgées de la famille n'avaient pas été très bavardes parce qu'elles n'aimaient pas évoquer le passé de sa mère. Mais pour Tsumura, le fait que sa mère eût grandi dans un monde interlope contribuait à accroître sa nostalgie ; il n'y trouvait ni déshonneur, ni désagrément. A plus forte raison parce qu'elle s'était mariée à quatorze ans et bien qu'il s'agît d'un mariage très précoce, elle était probablement restée une jeune fille pure que cette société sordide dans laquelle elle évoluait n'avait pas atteinte. Et c'est ce qui lui avait permis de donner naissance à trois enfants. Amenée dans la maison de son mari en parfaite innocence, elle avait dû être instruite des devoirs qui incombaient à une dame de vieille souche. Tsumura avait une fois vu un livre d'exercices de koto que sa mère avait recopié à l'âge de seize ou dix-sept ans : sur une feuille de papier pliée en quatre, elle avait recueilli les paroles horizontalement et, entre les vers, elle avait soigneusement ajouté la notation de koto à l'encre rouge, d'une belle écriture, très bien calligraphiée. ... [...]
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