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Citation de migdal


Karen Ludriac
J’avais huit ans quand je partis en colonie de vacances à Bois-Douzein. Nous étions quatre par chambre et mon lit était celui le plus proche de la porte d’entrée.

Il y avait un moniteur que j’aimais bien. Il était jeune, barbu comme mon père et avait la même couleur de peau, café crème.

Une nuit, j’ai été réveillée. Il était là, près de mon lit, presque nu, vêtu d’un simple slip qui ressemblait à un maillot de bain dont les reflets mordorés brillaient dans la pénombre. Il a soulevé mes draps, s’est allongé contre moi et ses mains m’ont engloutie.

Le lendemain matin, j’ai ouvert les yeux brutalement, comme au sortir d’un mauvais rêve, l’esprit confus et honteux, car me revenaient des images et des sensations charnelles, sans savoir si elles procédaient du réel ou d’un fantasme. Les jours d’après, j’évitais tout contact avec cet homme qui pourtant ne semblait plus s’intéresser à moi. Je l’observais de loin, intriguée et mal à l’aise.

J’envoyai une lettre à ma mère, lui demandant de venir me chercher avec Wilsam, notre boxer tout en muscles. Avec ses oreilles en arrière et sa babine retroussée, il faisait sacrément peur. Moi-même, je le craignais. Je voulais leur montrer, aux uns et aux autres, que je n’étais pas seule, qu’il suffisait d’un geste de ma part pour que quiconque me veuille du mal se fasse bouffer par mon chien.

Ma mère n’a jamais compris la hargne qui m’animait.
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