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4.56/5 (sur 8 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1968
Biographie :

Née à Paris en 1968, Karen Ludriac a grandi à Montreuil-sous-Bois. Confrontée à l'adolescence au mal-être de ses parents qui vont sombrer l'un et l'autre dans la dépression, elle se réfugie dans le dessin, la lecture et les études. Devenue ingénieure et mère de quatre enfants, elle mène sa vie tout en s'occupant de son père dont les dérives éthyliques deviennent ingérables. Originaire de la Réunion, sa famille paternelle lui est inconnue, tout comme l'enfance de son père abandonné à la naissance, jusqu'au jour où elle reçoit le message d'un oncle. Un bouleversement. Un trop-plein d'émotions. L'écriture va alors s'imposer comme une nécessité, le besoin impérieux de garder une trace des moments extraordinaires qu'elle a vécus.
Son roman "Embrasse tes petits pour moi" est un voyage dans l'intimité d'une relation où se mêlent l'indicible lien qui unit une fille à son père, le portrait d'un homme à l'histoire singulière et une quête d'identité. Un témoignage à la fois sombre et lumineux.

Résolument autobiographe, elle puise dans son expérience personnelle pour raconter des histoires sous la forme de courts récits à découvrir sur son blog https://www.kareneditions.com

À suivre sur :
Instagram : @karen_ludriac
Facebook : Karen_Ludriac
Blog : https://www.kareneditions.com
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Source : https://kareneditions.com/a-propos/
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Karen Ludriac
J’avais huit ans quand je partis en colonie de vacances à Bois-Douzein. Nous étions quatre par chambre et mon lit était celui le plus proche de la porte d’entrée.

Il y avait un moniteur que j’aimais bien. Il était jeune, barbu comme mon père et avait la même couleur de peau, café crème.

Une nuit, j’ai été réveillée. Il était là, près de mon lit, presque nu, vêtu d’un simple slip qui ressemblait à un maillot de bain dont les reflets mordorés brillaient dans la pénombre. Il a soulevé mes draps, s’est allongé contre moi et ses mains m’ont engloutie.

Le lendemain matin, j’ai ouvert les yeux brutalement, comme au sortir d’un mauvais rêve, l’esprit confus et honteux, car me revenaient des images et des sensations charnelles, sans savoir si elles procédaient du réel ou d’un fantasme. Les jours d’après, j’évitais tout contact avec cet homme qui pourtant ne semblait plus s’intéresser à moi. Je l’observais de loin, intriguée et mal à l’aise.

J’envoyai une lettre à ma mère, lui demandant de venir me chercher avec Wilsam, notre boxer tout en muscles. Avec ses oreilles en arrière et sa babine retroussée, il faisait sacrément peur. Moi-même, je le craignais. Je voulais leur montrer, aux uns et aux autres, que je n’étais pas seule, qu’il suffisait d’un geste de ma part pour que quiconque me veuille du mal se fasse bouffer par mon chien.

Ma mère n’a jamais compris la hargne qui m’animait.
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Celui-ci (le médecin) se leva et accompagna mon père à la table d’auscultation. Il lui palpa délicatement le ventre à mains nues, et par ce geste, ce peau à peau, j’eus la sensation qu’il me caressait l’âme tant son humanité me réconforta.
(page 175)
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Après le repas, nous étions encore attablés et je le questionnais sur son enfance, mais comme toujours, il avait peu de souvenirs à me conter, aucun que je ne connaissais déjà. J'insistai un peu, m'étonnant qu'il soit le seul de sa fratrie à être venu étudier en France.
Il me répondit :
— Tu sais, je faisais beaucoup de conneries, j'étais comme un jeune chien, un peu fou, et puis un jour, j'en ai fait une grosse. Après ça, mes parents ne savaient plus quoi faire de moi.
Surprise Je lui demandai :
— Qu'as-tu fait comme connerie ?
— J'ai fait un gosse à la bonniche.
— Tu as eu un enfant ?
J'étais sidérée.
— Ben oui.
— Mais il est où ?
— Oh ! C'est des histoires de bonnes femmes, c'est ma mère qui a géré ça.
— Mais l'enfant, il est né ?
— Oui, j'ai appris que la fille s'était mariée avec un gars, un copain d'enfance. C'est lui qui s'est occupé du gosse.
— Tu as eu de ses nouvelles ? Tu t'es intéressé à lui ?
— Oh non, c'est vieux tout ça. Ça ne me regarde pas.

Il m'avait fait cette révélation simplement, comme une histoire qui ne me concernait pas, mais celle-ci m'avait remuée, car à l'instant même où j'apprenais l'existence d'un frère ou d'une sœur Je devais en faire le deuil.
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Derrière un mur s’élevaient des lilas. Au printemps, les feuillages se teintaient de rose, de mauve et de blanc en exhalant leur parfum sucré qui venait jusque dans ma chambre.
(page 10)
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J'ai réalisé ce qu'était la mort, quand mon chat, parti se faire opérer dans une clinique, n'était pas revenu à la maison. J'avais huit ans et l'envie irrésistible de savoir ce qu'il y avait après la mort. Ma mère me parla d'esprit et d'une réincarnation possible. J'y fus sensible, mais ma curiosité avait besoin de certitudes. Cette question devint si obsédante que je voulus mourir, juste pour voir, mais je pensais aussi à ma mère, et à la peine que je lui ferais. Je réfléchis, cherchant celui qui pourrait m'éclairer, quand l'image d'un curé apparut. C'est curieux, car j'avais été élevée en dehors de toute religion, mais entre Dieu et l'« après la-mort », j'y voyais des accointances.

Il y avait une église à côté de mon école, en face de la boutique jaune, là où j'achetais des bonbons. Je tirai la lourde porte et fus impressionnée par le lieu, vaste et sombre. Au fond de la salle, je vis un homme en robe noire et me dirigeai vers lui :

— Bonjour monsieur.
— Bonjour mon enfant. Que veux-tu ?
— Je voudrais vous poser une question.
— Je t'écoute.
— Je pense à la mort, j'aimerais bien savoir ce qu'il y a après.
— Oh ! Elle est où ta maman ?

Surprise, je lui répondis :
— Elle est au travail.
— Ce n'est pas bien d'avoir des idées comme ça dans la tête ! Rentre vite chez toi et ne pense plus à ça !

Je repartis, confuse.
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Diana était menue, les cheveux châtains coupés courts et portait de grandes lunettes cerclées de métal qui lui affinaient encore plus le visage. Elle s’excusait souvent, craignant toujours de déranger, et sa délicatesse contrastait avec le caractère bourru de mon père.
(page 23)
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Je partis me renseigner auprès du médecin pour savoir si ses troubles étaient ou non irréversibles. La réponse resta évasive, il fallait être patient. L'alcool détmit les neurones et visiblement, mon père en avait perdu quelques paquets. Sur les images de son IRM, on pouvait constater des zones sombres, à la fois sur le pourtour et à l'intérieur de son cerveau, qui montraient la quantité de matière définitivement disparue. Le docteur déclara :

— On peut dire que c'est une chance pour les alcooliques d'avoir un cerveau rétréci. Quand ils tombent sur la tête, ce qui arrive souvent, l'effet de masse d'un hématome sur le cortex est souvent minime, cela évite bien des complications.

Je n'étais pas sûre de pouvoir m'en réjouir.
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Sa vie s’effaçait au fur et à mesure qu’il la vivait, sans qu’il en soit affecté. Je lui demandai tout de même :
- Tu ne regrettes pas d’avoir tout oublié ?
- Ah quoi bon, je l’ai fait. C’est le principal !
(page 163)
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"J'avais jeté un voile sur ce que je ne voulais plus voir, mais cette inconnue l'avait soulevé et la réalité m'apparut encore plus cruelle."
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- Au revoir, ma fille.
- Au revoir, je t'aime papa !
C'était un cri du cœur, comme parfois il m'arrivait de le lui dire le soir en le quittant, quand il était sobre, quand il me serrait fort l'épaule en m'embrassant sur le front. Des gestes pudiques dans lesquels circulait l'affection qu'il me portait, auxquels j'aurais pu simplement répondre « moi aussi » tant j'entendais « je t'aime ma fille ».
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