Entièrement nu face au miroir de l’armoire, Léonard se regarde. Il observe ce grand corps mutilé, ce tas de muscles inutile. Cette bouche qui ne sait pas parler, ces yeux qui ne savent pas lire, ces mains qui ne savent pas écrire.
Chacune de ses innombrables cicatrices est douloureuse. Chacune raconte une histoire, de la plus ancienne à la plus récente.
[…]
Elles sont là pour dire qu’il a toujours été malmené, torturé, rejeté.
Il y a celles de la prison, qui disent le désespoir.
Celles qui ont suivi l’enterrement de Mona, qui disent son impossible deuil.
Il se souvient de ce qu’il a ressenti quand il a entaillé profondément sa peau. Le soulagement de la lame qui pénètre sa chair. Il se souvient combien la douleur physique l’a aidé à supporter celle qui explosait dans son crâne.
Difficile de se vider la tête.
Facile de se vider les veines.