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Citation de Amaranth


PROLOGUE

Je ne me souviens plus vraiment. On dirait que j'ai enterré ça quelque part, sous des mètres cubes de conscience.
Des images, des mots, des sensations, des odeurs.
Des douleurs.
Rien de précis.
Comme si ça ne m'était jamais arrivé.
C'est arrivé, pourtant.
Une blessure toujours à vif, une meurtrissure qui saignera jusqu'à la mort. Une plaie aussi profonde qu'une abîme, dans laquelle je me suis perdue. Oubliée.
Dur à expliquer.
Ça a juste changé ma vie. Ça m'a transformé en je ne sais trop quoi...
Chaque femme a sa façon bien à elle de réagir à cet outrage indélébile.
Chaque femme et chaque enfant.
Ceux qui ont subi cela savent de quoi je parle. Les autres ne peuvent l'imaginer, même avec la meilleure volonté du monde.
Peu de gens peuvent comprendre. Ou beaucoup trop, malheureusement.
Mais tout le monde peut juger. Ce que je suis devenue.
Si facile de juger.
Si difficile à comprendre.
Ça ne fait pas seulement mal à en mourir. C'est bien pire. Ça vous ronge, lentement, de l'intérieur. Ça vous dévore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une enveloppe vide et sèche.
J'aurais tellement voulu qu'il me tue. Qu'il m'achève. C'aurait été charitable de sa part. Mais il ignorait la pitié, je crois.
Et moi, j'ai oublié ce que c'était.
Il m'a tout pris, ne m'a rien laissé.
Ce jour-là, j'ai compris qu'on peut mourir plusieurs fois.
Moi, je suis morte dans une chambre sordide, il y a longtemps. Tellement longtemps...
Pourtant, quelque chose a survécu. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là.
Quelque chose qui marche et qui parle à ma place.
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