De toute façon, disait-elle, les féministes étaient toujours piégées : si elles arrêtaient de s’arranger, elles étaient taxées de butchs ou de frustrées mal baisées, et si elles refusaient l’uniforme « des cheveux courts et des soutiens-gorge brûlés », si elles portaient fièrement des décolletés et des talons hauts, elles n’étaient pas intègres, légitimes, crédibles. Je repensai au cégep et je nous revis, Caroline et moi, discuter des mêmes choses alors que ce qu’elle considérait comme sexy était vu par ma famille comme une tenue terne et « pas assez féminine »
(Hamac, p. 72)…
Je me jurai que j’allais dire la vérité à toutes les femmes enceintes que je croiserais désormais : qu’il était normal de se sentir incompétente, pleureuse, vulnérable. Que l’instinct maternel n’existait pas, du moins que rien de tel ne m’habitait. J’avais certes « l’instinct » de protéger ma fille, mais je ne savais pas plus que Léo (que je trouvais souvent plus calme) comment faire. Il me fallait apprendre, comme lui, à m’occuper d’un enfant.
(Hamac, p. 105)
Les émotions ne sont que des vibrations qui peuvent, à l'occasion, composer une sorte de mélodie. C'est ce qu'elle appelle l'amour.
Son corps était plus lourd que ma peur et le moment, plus intense que la menace.
On racontera cette histoire à satiété. Puis, comme toujours, on se fera un devoir de l’oublier.
La terre avait la couleur de l’exil.