8 octobre 1918 à Sonia
Soudain, la tranchée, nous sautons dedans. Le sous-officier est hors de lui. Je me dispute avec lui - pas méchamment car c'est un brave garçon, tout borné et tout désemparé qu'il est. Je lui explique que je ne tirerai pas, même si on on me le commande. On peut me fusiller si on veut. D'autres me soutiennent. Nous parlons haut. Aussitôt, ca commence à siffler autour de nos oreilles. Les Russes nous ont entendus. Ils entendent chaque tintement de pelle. Je m'étais, une fois de plus, déchargé préalablement de mon fusil. C'est ainsi que je vais au travail, sans arme. Je me sens presque libre ainsi ...
21 septembre 1915
Mes chers petits
C'est aujourd'hui un jour féroce ici, une méchante soirée. Une sortie russe de Riga nous a surpris. Nous établissons maintenant de nouvelles positions dans les lignes les plus avancées. Il fait une fraîcheur aigre. Près de moi, fracas insensé. L'enfer est lâché sur nous.
Je ne tirerai pas.
Adieu très aimés ; je vous embrasse aussi ardemment que je vous aime. Au revoir dans neuf semaines. Les meilleurs vœux de
VOTRE PAPA
4 octobre 1915 à son fils Helmi (Wilelm)
... J'aurais été ici une quinzaine de jours ; encore 43 et 45 de plus, c'est-à-dire 6 à 7 semaines, et je me retrouverai parmi vous. D'ici là, sans doute, nous aurons de mauvais moments. Pourvu qu'on ne m'envoie pas en tranchée ! Pour le reste, tous les dangers possibles m'importent peu ; mais tuer des hommes, je ne peux pas. C'est la fin de tout.