Ensemble ils avaient arpenté la terre détrempée, ils avaient peiné sur la bruyère et les taillis près du lac. Ils avaient parlé, et parlé encore. De quoi, il ne savait plus. Il ne se rappelait que le chemin. Leurs pas, ses pieds qui se posaient l'un après l'autre pour le porter sur un sol toujours neuf, au bord de l'eau, dans l'herbe haute ou sur l'herbe rase, jusqu'au sommet d'une colline. Il se rappelait l'impression que lui procurait la distance parcourue, la sensation sécurisante de se savoir éloigné de tout être humain, excepté sa mère. Comme s'ils étaient des fuyards. Comme s'ils tiraient l'horizon à eux jusqu'à le tenir un instant à portée de main.