Hone Tuwhare (1922-2008), poète néo-zélandais
Pas un soleil ordinaire
Arbre, laisse tes bras tomber :
ne les lève pas brusquement en supplication
devers le brillant nuage enveloppé d'un halo.
Laisse tes bras manquer de solidité et
de résistance, car ceci n'est ni une simple hache
à émousser, ni un feu à étouffer.
Ta sève ne montera plus de nouveau
sous la traction de la lune.
N'incline plus ta tête déférente
à la parole du vent, ne te roidis plus
sous le chatouillis de la pluie en trombe.
Ta rusticité passée ne sera plus
couronnée par l'agréable vol
des oiseaux ni ne protégera
ni ne rafraîchira l'ardeur des amants insouciants
du monstrueux soleil.
Arbre, laisse tes bras nus tomber
n'etends plus de vaines supplications à la boule radiante.
Ceci n'est pas un éclair de mousson galante,
un commerce précipité du souffle du vent.
La verdeur mourante de tes émanations magiques
ne purifiera plus ces cieux pollués... Car ceci n'est pas
un soleil ordinaire.
Ô Arbre
dans les montagnes sans ombre
les plaines blanches et
le plancher de la mer
ta fin est enfin écrite.
traduit de l'anglais par E. Dupas