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Citation de art-bsurde


Les voix citadines, la fumée, le grincement du tramway s'estompent, et c'est alors avec une audace neuve que les pensées s’enchaînent. Il n'y a là-haut que l'éclat du ciel et la bourrasque moqueuse, l'air léger des hauteurs et le scintillement lointain des cimes enneigées, une limpidité de grand vent qui les saisit dans un rai de soleil – Peter agrippé aux jumelles, lui-même en complet-veston, le pantalon relevé sur le genou, et Ditta ironiquement absente, derrière son appareil photo. Et le voici déjà parmi les fragments d'une musique encore inouïe, au sein d'une partition qu'il n'a encore que dans sa tête, mais qu'il se mettra à écrire un peu plus tard, cet été. C'est l'effort qu'il faut pour traverser, par des sentiers glissants d'aiguilles tombées, la sombre forêt de sapins, avant d'escalader les pentes rocheuses, oui, c'est cet effort même qui se mue alors en une joie enivrée, où s'ouvre l'être tout entier, tandis que les vents, qui purifient la poitrine, emportent en tourbillonnant les scories du long hiver et ses affres. Sur-le-champ, notre homme suffit alors à tout : il lit au soleil l'une ou l'autre de ses flores, dispose des plantes alpines, entre deux feuilles de papier gris, sur sa petite presse de botanique, attrape à main nue des insectes, examine à la clarté du jour une pierre aux reflets bleuâtres, tandis que, dans son esprit, le motif musical prend forme, et que les instruments cherchent leur place dans la structure qui se déploie.
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