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Jean-Baptiste Brunet-Jailly (Traducteur)
EAN : 9782742761609
160 pages
Actes Sud (30/05/2006)
4.25/5   4 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition Source : Actes Sud / Un endroit ou aller - 06/2006)


Car c'est à lui qu'ils ont confié tout leur trésor musical, la quintessence de siècles de vicissitudes et de joies, de souffrances et de fraternité - mais aussi de savantes manœuvres, destinées à tromper les sanguinaires cohortes d'envahisseurs qui n'ont cessé de traverser leur village dans un triomphant bruit de sabots. C'est lui, BartÓk, qui connaît leur p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Béla Bartok vit à un moment charnière de son existence : le temps de l'exil, entre la patrie que l'on quitte par nécessité et un pays dont on ignore tout. Ce récit n'est pas une biographie au sens classique du terme. L'auteur se glisse dans les pensées de Béla Bartok et imagine ce qui traverse son esprit. Celui-ci est assis à la terrasse d'un restaurant à Nîmes avec son épouse Dotti. Il attend vraisemblablement son passage vers l'Espagne puis vers les Etats-Unis. le nazisme étrangle alors l'Europe, étouffant toute velléité de résistance et anéantissant toute humanité. Il se sent menacé, traqué. Une voiture noire garée sur la place déclenche des idées paranoïaques. Son imagination lui fait entrevoir la possibilité d'être arrêté et envoyé en camp de concentration pour avoir défié Goebbels et refusé de se plier aux diktats du régime nazi.
Par moment, ses pensées le ramènent à différents épisodes du passé qui sont à la source de son inspiration musicale : ses recherches sur les musiques populaires hongroises et leur enregistrement sur le terrain, les personnes qui ont marqué sa vie, sa mère qui lui a tout donné, Marta sa première épouse. Ses souvenirs se teintent de nostalgie et de regrets. Face au passé se dresse la peur de l'avenir, de ce pays immense qui l'accueille, comme il accueillera des milliers d'exilés. Il sera un exilé parmi d'autres, en terre inconnu. Saura-t-il encore composer ? Trouvera-t-il du travail ? Son oeuvre sera-t-elle reconnue ? Toutes ces questions taraudent Béla Bartok qui se projette dans l'avenir et envisage lucidement ce qui l'attend.

Il est peu probable que l'artiste ait eu une vision prophétique de son avenir. Mais j'ai aimé cette façon d'aborder la vie de cet homme victime du nazisme à l'instar de tous ces hommes et ces femmes qui ont dû fuir l'Europe pour refaire leur vie dans des conditions souvent difficiles. L'auteur nous ouvre l'âme de Béla Bartok et nous livre les pensées intimes de cet homme tourmenté qui n'a finalement pas trouvé aux Etats-Unis l'accueil espéré et est décédé de la leucémie en 1945.


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Béla Bartok entend tout. Absolument tout. Il fuit les persécutions de l'Allemagne hitlérienne et, en chemin vers les Etats-Unis, se penche sur sa vie passée, son intérêt pour les musiques paysannes tirées du fin fond de sa Hongrie natale. C'est qu'il entend même les morts, les âmes des villageois passés, le chant de ses hommes qui nourrira sa musique. Tout le livre se situe entre la brume du souvenir et la peur de ce qui peut arriver, à présent que Bartok fait partie de l'art dégénéré. Je n'en dirai pas plus, parce que je l'ai lu il y a longtemps et que je ne m'en souviens pas. Si : c'est une hymne à la vie, à la réalité dont nous parlent nos sens. Alors, comme Bartok, écoutons.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les voix citadines, la fumée, le grincement du tramway s'estompent, et c'est alors avec une audace neuve que les pensées s’enchaînent. Il n'y a là-haut que l'éclat du ciel et la bourrasque moqueuse, l'air léger des hauteurs et le scintillement lointain des cimes enneigées, une limpidité de grand vent qui les saisit dans un rai de soleil – Peter agrippé aux jumelles, lui-même en complet-veston, le pantalon relevé sur le genou, et Ditta ironiquement absente, derrière son appareil photo. Et le voici déjà parmi les fragments d'une musique encore inouïe, au sein d'une partition qu'il n'a encore que dans sa tête, mais qu'il se mettra à écrire un peu plus tard, cet été. C'est l'effort qu'il faut pour traverser, par des sentiers glissants d'aiguilles tombées, la sombre forêt de sapins, avant d'escalader les pentes rocheuses, oui, c'est cet effort même qui se mue alors en une joie enivrée, où s'ouvre l'être tout entier, tandis que les vents, qui purifient la poitrine, emportent en tourbillonnant les scories du long hiver et ses affres. Sur-le-champ, notre homme suffit alors à tout : il lit au soleil l'une ou l'autre de ses flores, dispose des plantes alpines, entre deux feuilles de papier gris, sur sa petite presse de botanique, attrape à main nue des insectes, examine à la clarté du jour une pierre aux reflets bleuâtres, tandis que, dans son esprit, le motif musical prend forme, et que les instruments cherchent leur place dans la structure qui se déploie.
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Bartók n'est pas philosophe. C'est par le truchement de son piano qu'il pense. Sur le clavier, ses mains tâtonnent en quête de pensées neuves, auxquels ses quatuors et ses œuvres orchestrales donneront corps, le moment venu. En allait-il autrement de Beethoven ? Sur les touches du piano, il est à la recherche de nouvelles mélodies, d'une harmonie nouvelle – et de nouvelles formes de résistance. Et les pensées qui naissent de ces doigts vibrent de toute la sensualité du monde. La meute des loups n'y peut rien.
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Video de Kjell Espmark (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kjell Espmark
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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