Attends-moi
Si tu m'attends, je reviendrai,
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n'attend plus les autres.
Attends quand des pays lointains
Il ne viendra plus de courrier,
Attends, lorsque seront lassés
Ceux qui avec toi attendaient.
Si tu m'attends, je reviendrai.
Ne leur pardonne pas, à ceux
Qui vont trouver les mots pour dire
Qu'est venu le temps de l'oubli.
Et s'ils croient, mon fils et ma mère,
S'ils croient, que je ne suis plus,
Si les amis las de m'attendre
Viennent s'asseoir auprès du feu,
Et s'ils portent un toast funèbre
A la mémoire de mon âme...
Attends. Attends et avec eux
refuse de lever ton verre.
Si tu m'attends, je reviendrai
En dépit de toutes les morts.
Et qui ne m'a pas attendu
Peut bien dire : " C'est de la veine ".
Ceux qui ne m'ont pas attendu
D'où le comprendraient-ils, comment
En plein milieu du feu,
Ton attente
M'a sauvé.
Comment j'ai survécu, seuls toi et moi
Nous le saurons,
C'est bien simple, tu auras su m'attendre,
Comme personne.
(Constantin Simonov, 1941)
Voici la première de ces questions : « Est-il possible qu'en Union Soviétique, suite à des élections, monsieur Staline soit remplacé à son poste de chef d'Etat par quelqu'un d'autre, par exemple, par monsieur Molotov ? » Je n'aurais vraisemblablement pas trouvé de réponse, surtout à cet instant. Mais Ehrenbourg s'en sortit très bien. II me fit un léger signe de tête pour m'indiquer qu'il allait répondre et dit en un sourire narquois : « Nous avons, vraisemblablement, vous et moi, des opinions politiques différentes sur la vie de famille : avec une frivolité propre à la jeunesse, vous vous choisissez tous les quatre ans une nouvelle jeune mariée, quant à nous, comme des gens mûrs et sérieux, nous sommes mariés pour de bon et une fois pour toutes. »
La chute de Béria, si l'on me prête la métaphore, fut comme le dernier, le tout dernier obus qui éclate après une progressive suspension de la canonnade. Plus concrètement, tout ce qui venait de se passer, tout ce qu'avait voulu et tenté de faire Béria, et tout ce qui lui fut imputé, en une fois, au terme de sa longue carrière, dès lors qu'il fut pris la main dans le sac, n'était peut-être pas le dernier rot, mais certainement le rot le plus évident, le plus monstrueux, le plus malodorant de l'époque qui reste liée dans nos consciences au nom de Staline.
Quand il prenait la parole en public, Staline était sans appel, mais simple. Il avait une grande simplicité de maintien avec les gens, nous pouvions le constater, de temps en temps, d'après les actualités filmées. Il s'habillait avec simplicité, toujours de la même façon. On ne sentait en lui aucun désir de paraître, aucune prétention extérieure à la grandeur, à l'exclusivité. Cela correspondait à l'idée que nous nous faisions d'un véritable chef du parti. Staline était pour nous la somme de tout ceci : de toutes ces sensations, de toutes ces qualités, d'un chef du parti et de l'Etat, qualités réelles ou complétées par notre imagination.
Au terme de son intervention à la tribune, un des membres du C.C. a déclaré qu'il se considérait comme l'élève fidèle du camarade Staline. Staline, assis derrière lui et qui l'écoutait avec la plus grande attention, a eu cette brève réplique : "Nous sommes tous les élèves de Lénine."
Dans la soirée du premier octobre, Klimovitch se trouvait au siège de l'état-major de la brigade, une isba de guingois et sale de l'extérieur, mais méticuleusement astiquée à l'intérieur car il était maniaque et aimait la propreté ; il lisait " Les nouvelles aventures du brave soldat Chveik" écrites par un humoriste du front. La plupart des combattants avaient plaisir à les lire mais lui ne les appréciait guère. Tant que les Allemands frappaient plus qu'ils n'étaient frappés, il estimait prématuré de se moquer d'eux.
Si tu m'attends, je reviendrai,
Mais attends-moi très fort .
Attends quand la pluie jaune
Apporte la tristesse ,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on attend plus les autres.
Attends quand des pays lointains
Il ne viendra plus de courrier,
Attends lorsque seront lassés
Ceux qui avec toi attendaient.
(" Les vivants et les morts")
Attends-moi
Si tu m'attends, je reviendrai
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n'attend plus les autres.
жди меня и я вернусь,
только очень жди
жди, когда наводят груст
желтые дожди
жди когда снега метут
жди когда жара
жди когда других не ждут
позабыв вчера.
Le jour de son cinquantième anniversaire, pendant la soirée qui lui était consacrée à la Maison des Ecrivains, il prit la parole pour dire ceci : « Je voudrais tout simplemnent que mes camarades, présents dans la salle, sachent que je ne suis pas entièrement satisfait de ma vie, je n'ai pas toujours bien agi, je le comprends, je n'ai pas toujours été à la hauteur. J'ai manqué à mon devoir de citoyen, à mon devoir d'homme. Il y a eu des choses dans ma vie dont je n'aime pas me souvenir, des situations où je n'ai pas fait preuve de suffisamment de volonté ni de courage. Et je m'en souviens. »
Nous non plus, nous ne devons pas oublier à quel point il est difficile et pénible à un homme de se juger soi-même. Le leitmotiv du livre de Simonov est la dette qu'il doit payer au passé, son repentir, son désir de purification. C'est ce qui distingue et porte ce livre au-dessus d'un grand nombre de mémoires consacrés à la période stalinienne.
Je ne suis pas non plus persuadé jusqu'au bout des circonstances exactes de la fin de Staline. Est-il vrai que l'attaque l'ait terrassé dans la solitude à laquelle il s'était lui-même condamné, et que plusieurs heures se soient écoulées avant qu'il ait été découvert gisant au sol sans connaissance ? Ou bien Béria a-t-il mis du sien pour précipiter sa fin ?