L’histoire des derniers jours d’un chat, de la fin de l’hiver au début du printemps : j’avais retourné cette idée dans mon esprit, du matin au soir. Ce scénario, je l’avais écrit pour moi, sans savoir s’il aboutirait un jour, si je le ferais lire a quelqu’un d’autre. Écrire, c’était se laisser submerger par le passé. Retours sur moi-même et regrets m’avaient fait reposer la plume plus d’une fois. Mais je n’avais pas été tenté d’abondonner. Chaque fois que je me heurtais à un mur, je revoyais des bouts des négatifs que Renko avait fait développer. C’était comme si, sans preuve concrète de leur existence — et c’était à moi de l’apporter, cette preuve — ces faits pourtant réels étaient condamnés à ne jamais voir la lumière du jour, à rester prisonniers de ma mémoire, tels des fantômes du passé. C’était cela que je redoutais. C’était peut-être ça, mourir. J’avais écrit pour combler le vide entre chaque case des négatifs. Plus qu’une envie d’écrire, c’était un besoin de graver la mémoire des faits.