On commence à parler de la fin de l’année, des vacances. L’été est encore loin, mais cette idée nous permet d’évacuer nos peurs. On pense à demain et surtout pas à hier. Une manière de considérer le verre à demi plein. Plein de jus d’orange frais ou de limonade. Pas rempli des larmes amères des parents qui pleurent leur unique enfant. C’est trop dur d’être grand. Ça fait mal aussi. Je crois que nous avons tous un peu grandi et on se regarde souvent pour chercher ce qui a changé en nous. On ne remarque rien, mais les adultes prétendent que nous avons muri.
Papinou a bien senti que les imitations du Petit Poucet ou des sept nains n’obtenaient plus le même succès quand j’en étais à R2D2 ! Nos tête-à-tête me manquent parfois, mais il paraît que c’est ça aussi grandir. On doit apprendre à laisser certaines choses derrière soi. Sans doute que c’est plus simple quand les évènements s’enchainent tout seuls et qu’on s’aperçoit bien plus tard qu’on a perdu des trucs ou des gens en route.
J’imagine bien le genre de clichés que mon ami a pu trouver dans un dossier criminel. Pire encore qu’Internet où, au moins, on m’a évité l’horreur de la visualisation. Mais Microbe ne savait pas qu’en enfreignant les consignes paternelles et en se faufilant dans le bureau du fonctionnaire il allait découvrir l’indicible. À présent, il pleure en silence. De grosses larmes coulent sur ses joues.
Comme je l’avais supposé, aujourd’hui, il pleut. Pas des torrents en rangs serrés qui vous transpercent et vous transforment en serpillière mouillée en quelques minutes. Non, juste une bruine légère qui se dépose sur les choses et les gens et les fait briller dans la lumière du petit matin.
Ses yeux sont toujours clos et il perçoit autour de lui des tas de sensations différentes. L’odeur d’abord. Puissante. Mélange de putréfaction et d’humidité. Puis le son. Quelque chose grince au loin. Et puis il y a ce filet d’eau qui s’épand, goutte après goutte, tombant depuis le plafond jusqu’au sol visqueux. Près de lui, quelque chose de poilu le frôle furtivement. Il retient à grandpeine un cri de frayeur.
La jeune fille regardait s'évaporer l'obscurité tandis que les premiers bruits de la ville commençaient à remplir le silence. Dehors, la pluie tombait en gouttes serrées et martelait la vitre avec force. Pourtant, Lonélia ne bougeait pas. Il y a longtemps qu'elle ne se rendait plus compte qu'elle était frigorifiée depuis qu'elle se tenait debout devant cette fenêtre, pieds nus, à peine revêtue d'uen chemise de nuit légère.
La pièce était noire, presque silencieuse. C'était une vaste chambre tapissée de tissu épais, aux larges baies habillées de draperies soyeuses. Il y avait une commode Louis Philippe et, plus loin, un bureau de même facture.
Tout était figé dans un silence sidéral. Le peuple arkalien rassemblé retenait son haleine tandis que le Dôme suspendu au plus fort de son ascension avait brusquement interrompu son chant.