Rien ... c'est saisissant,
Stupéfiant, omnipénétrant,
Omniprésent, inexprimable.
Reconnaissez cette lucidité du corps absolu!
A ce moment l'esprit est dépourvu de toute nécessité d'identifier, le lieu de la libération se manifeste,
Rien ... c 'est saisissant,
Dans ce corps absolu dépourvu de toute telle préoccupation, règne, telle qu'elle est, la sagesse qui transcende l'esprit ordinaire, la dimension de lucidité nue et totale :
Stupéfiant, omnipénétrant,
Cette omniprésence est au-delà des extrêmes, par exemple au-delà d'un début et d'une fin, d'un être ou d'un néant. Au-delà de toute recherche intellectuelle ou verbale, elle est le point crucial de la sagesse en elle-même, au-delà des mots,
Omniprésent, inexprimable.
Ce point absolument crucial est le corps absolu, la lucidité qui repose en la base, la véritable vue immaculée, originelle, la voie, le yoga. Tant qu'il n'est pas reconnu, vue et méditation demeurent intellectuelles et fabriquées, et les pratiques de méditation, quelles qu 'elles soient, sont aussi éloignées de la grande perfection naturelle que le sol est éloigné du ciel. Le point crucial du cycle de la claire lumière, la non-méditation, n 'est pas atteint. C 'est donc la seule chose d'importance à reconnaître au départ.
Reconnaissez cette lucidité du corps absolu!
L'enseignement du dzogtchèn s'adresse aux esprits fins, il est un peu difficile pour les débutants, car il faut y reconnaître que toutes choses sont éveil de toute origine. Quand on dit toutes choses cela signifie toutes choses et phénomènes du samsara et du nirvana, toutes les pensées et impressions qui passent dans l'esprit ainsi que la part de l'esprit qui les suscite et les perçoit. Elles n'ont jamais connu de début ni de fin. Elles n'ont jamais été égarées ni libérées et ne requièrent pas de libération. Pour les débutants, de tels propos ne sont pas faciles à comprendre...
La frontière qui sépare égarement et absence d'égarement est la reconnaissance de la base : l'ignorer c'est s'égarer, la reconnaître c'est mettre fin à tout errement.
Au départ, les trois maximes sont un enseignement de Garab Dorjé, à l’origine même du Dzogtchèn, en Inde, dans les premiers siècles de notre ère. Puis, dans le Tibet du XIXème siècle, le grand maître Patrül Rimpotché écrit un texte inspiré, bref, expliquant toute la vue du Dzogtchèn à partir de ces trois maximes. A la demande de ses disciples, Patrül Rimpotché rédigea un auto-commentaire de son texte-racine. Puis à Kagyu ling, pendant une semaine de juillet 1997, Gangteng Rimpotché enseigna les trois maximes sur la base de ces textes.
Dans ces souhaits de Kuntouzangpo, c’est le bouddha primordial [Samanthabhadra] lui-même qui s’exprime. Il expose le déroulement de l’éveil primordial et l’activité éveillée qui l’accompagne, ainsi que les voies de l’égarement ordinaire et la méthode unique de libération du Dzogtchèn.