Il devient très difficile de comprendre ou même d’imaginer ce qu’il y a derrière une machine. Les savoirs populaires comme la couture, la réparation maison de la voiture ou des produits électroniques, qui étaient importants pour les générations précédentes, deviennent difficiles à valoriser : les gens oublient après s’être jetés sur des produits low cost qui ne valent pas la peine d’être réparés. Se réapproprier ces savoir-faire est pourtant source de fierté. Faire par soi-même offre une forme de résilience qui renforce l’autonomie – et accessoirement coûte moins cher.
(Entrevue donnée au Monde 24/02/2017)
En définitive, nous passons plus de temps (à travailler) pour nous offrir des choses qui sont censées nous faire gagner du temps (libre).
La construction d'un mythe : consommation = bonheur
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la quantité de choses que nous possédons n'a fait que s'accroître. Face à cette abondance matérielle, de nouveaux comportements ont émergé. Notre conception de la vie a été progressivement façonnée depuis des décennies par la profusion de biens qui nous entourent. (page64)
Une société de consommation aliénante
Les stratégies commerciales de renouvellement des produits représentent une source d’asservissement psychologique et ne nous rendent pas plus heureux : perte d’autonomie, perte de la maîtrise de son temps, d’indépendance… La société de consommation nous enferme progressivement dans une forme d’aliénation aux choses. Jean Baudrillard observait déjà en 1972 que « le spectacle de la machine qui produit du sens dispense l’homme de penser. »
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L'obsolescence programmée renvoie à l'ensemble des techniques qui visent à raccourcir la durée de vie d'un produit en vue d'en renouveler l'achat. En rendant nos objets quotidiens défaillants, elle est la racine d'un gaspillage collectif qui nous concerne tous.
Ses effets se conjuguent à chacun d'entre nous :
Je jette,
Tu gaspilles,
Il arnaque,
Nous sur consommons,
Vous exploitez les ressources de la Terre,
Ils polluent, etc
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Pour toutes ces raisons, l’obsolescence programmée représente la clef de voûte d’un modèle obsolète d’organisation économique.
Qu’est-ce qui ne peut pas durer, nos produits ou ce système économique ? L’économie du jetable date d’un monde où l’on croyait les ressources terrestres inépuisables, où les pollutions n’étaient pas visibles, où les déchets étaient érables, où la croissance économique semblait avoir un sens.
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