«Comme une hache qui brise la mer gelée en nous...»
Je ne sais pas pourquoi mais ce petit bout de phrase insidieux vient soudain me vriller la tête, là, à deux mille kilomètres de chez moi, dans cette petite boîte glauque d'une ville étrangère où la musique s'étale en faisant de grands trous d'ombre. Mon verre de gin à la main et Kafka dans la tête avec ce petit bout de phrase amputée qui résonne en sourdine : «comme une hache qui brise la mer gelée en nous...» Je crois me souvenir qu'il parlait des livres et du pouvoir des mots. On aurait pu tout aussi bien dire : à la surface des choses les mots sont les seules armes à pouvoir creuser des abîmes. Et certainement, Kafka aurait aimé cet endroit improbable où la musique avale aussi bien les mots que les silences...
Une boîte glauque, dis-je, comme une autre. Et quelques filles posées dans le décor avec le regard vide des belles de nuit. Sauf que je n'en vois qu'une. Djamila.