-Nous étions amis? demandai-je.
Perplexe, Willem leva un sourcil, tant cette question lui paraissait saugrenue. Son regard sarcastique le rendit irrémédiablement séduisant. Mais cette expression avenante s’effaça vite, au profit d’une froideur glacée, comme s’il craignait de dévoiler ses sentiments.
-Ma petite Cathia Mila! s’exclama-t-il. Que les choses soient claires! Nous ne serons jamais des amis. Tout ce que tu veux, sauf l’amitié… De la même façon que l’eau et le feu ne se marient pas.
-… Tu es une grenade dégoupillée, prête à nous exploser dans les mains. Ou dans celles des autres. Je ne me leurre pas.
Il se rapprocha de moi et me murmura à l’oreille :
-Quels que soient les dommages collatéraux, je garderai toujours un œil sur toi!
Je ne sus si c’était une menace ou une promesse. Sa physionomie me parut soudain bien sinistre dans l’obscurité de ma chambre.
-Tu ne m’effraies pas!
Je devinai son sourire dans l’ombre.
-Je sais bien! C’est toi qui m’effraies, ma belle.
Elle perdait déjà tous ses moyens en sa présence, et maintenant qu’elle lui avait cédé une première fois, elle ne pourrait plus rien lui refuser. A cette pensée, son ventre se contractait à nouveau, affamé de nouvelles sensations et de vertiges orgasmiques. Ainsi c'était ça, faire l'amour. Connaître le plaisir. Elle sourit. Elle n'imaginait pas une telle aventure quand elle s'était embarquée à La Valette.
Le commandant resta un moment silencieux. Il partageait les mêmes pensées. Il se persuadait que ce n’était rien d’autre qu’une liaison, mais il ne la quitterait pas sans nourrir quelques regrets. Jules avait peut-être raison. « Accroché », « amoureux », c’étaient les termes que son second avait employés. Si elle l’avait ensorcelé, il espérait que cette dernière nuit levât le sortilège.
« Vous n’êtes pas condamné à souffrir toute votre vie ! Le fait de dire les choses permet de s’en libérer. C’est comme prononcer un sort. »
Je ne m’attendais pas à ça! J’avais été victime d’une tentative de meurtre! J’eus l’impression de recevoir deux gifles. La Fondation Muir… Le programme Maestro… De l’espionnage industriel! J’en étais sonnée! J’aurais aimé en pas le croire. Mais je ne le pouvais pas. Je savais que c’était la vérité.
Lorsqu’Evanne entendit enfin sa voix familière, ce fut un choc brutal qui la ramena à la réalité. Elle avait l’impression de s’être absentée des années, et que ce séjour sur ce navire, hors du temps, s’était figé dans l'éternité.
-Nous sommes tous les deux de la même trempe. Tu incarnes le genre de femme qui draine des montagnes d’ennuis derrière elle. Tu fais tourner les têtes et il vaut mieux éviter de te fréquenter!
Une étudiante amnésique, un garde du corps dangereux et séduisant, des secrets mortels…
Un jeu de la vérité dangereux et exaltant.