Laura Harner

— Andrew Van, sors de ce monstrueux pick-up et viens me faire un câlin. Bonjour, vous devez être Holden. Ravie de vous rencontrer. Je suis Rae Van, la mère de Drew. Venez, nous n'allons pas passer la journée à discuter dans la rue. Drew, je pense vraiment qu'avec tous les trajets que tu fais, tu as besoin d'un véhicule plus économique. Que faites-vous dans la vie, Holden ? Drew est toujours tellement mystérieux. Voulez-vous amener vos bagages ? Il semble inutile de dépenser de l'argent pour une chambre alors que j'en ai deux de libre ici... à moins que vous n'en vouliez qu'une ?

Ayant apparemment atteint la capacité nécessaire à ses poumons pour continuer, Rae fit une pause, laissant le commentaire gênant flotter dans l'air.

— M'man, ça fait plaisir de te voir. Maintenant recule et laisse-moi aider Holden à descendre du pick-up, il est un peu blessé aux jambes. Je t'ai dit qu'il travaillait au ranch, il fait des enquêtes sur le passé des futurs employés. Il vit dans une des casitas. Je vais bien. Nous avons un rendez-vous en fin de journée avec quelqu'un pour son travail à Sierra Madre, alors on restera là-bas pour la nuit et on repartira tôt le matin. Et je ne peux pas conduire quelque chose de plus petit parce que j'ai besoin des quatre roues motrices et de la place à cause de mon boulot. Tu ne veux pas que je travaille en ville, à soigner un tas de chihuahuas, pas vrai ?

Holden éclata de rire, un de ces rires qui remontait du fond de la gorge qui fit tressaillir les deux Van qui se tournèrent pour le regarder avec des yeux vert-noisette identiques.

— Eh bien, au moins je peux voir de qui tu tiens, dit Holden.

Il sortit lentement du pick-up alors que Drew et Rae se précipitaient pour l'aider.

— Je suis désolée, s'exclama Rae en souriant. Il va falloir que vous appreniez à parler vite si vous voulez placer un mot entre nous.

Elle se mit à rire de bon cœur et une légère ride se transforma en ride de rire.

Non, ils n'avaient pas juste fait l'amour... Ils avaient déclaré la guerre à quiconque se mettrait sur leur chemin. 

Alors qu'ils marchaient sur le terrain accidenté, Chad se demanda s'il devait passer un bras autour de la taille de Jesse, ou si ce serait une insulte à sa fierté. Il accrocha un doigt à un passant de la ceinture de Jesse juste pour garder ses mains à proximité. Ils marchèrent en silence pendant quelques minutes, Jesse fixant le sol et prenant des pas prudents.
— Que s'est-il passé ? Es-tu tombé du dos d'Angel ? demanda Chad après une minute.
Jesse commença à secouer la tête puis s'arrêta avec une grimace.
— Je ne sais pas, je ne crois pas. Je me souviens m'être dirigé vers l'est. Je voulais passer la matinée à chevaucher le long de cette clôture que je n'avais pas vérifiée l'autre jour. Je, euh... je voulais un peu de temps pour réfléchir... Puis...
Il fronça les sourcils
— Il y avait quelque chose…
— C'est bon, ne t'inquiète pas de ça pour le moment. Je pense que la perte de mémoire à court terme est en quelque sorte habituelle après une blessure à la tête, non ? Je parie que tu te souviendras bien assez tôt.
Jesse trébucha légèrement et Chad enroula son bras autour de sa taille mince.
— Ouais, je suppose. Je... euh... je me suis réveillé et tu étais là. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Comment as-tu su que j'avais des problèmes ?
— Angel s'est montré sans toi. Il m'a ramené ici.
— Angel ? Attends... tu as monté Angel ?
Jesse s'arrêta et le regarda.
— Tu es complètement barjot ! Ce cheval est trop grand, trop difficile à contrôler. Tu aurais pu te tuer. Tu n'as donc rien appris...
— Non. Ne va pas là Jesse. Et je t'en prie, au fait. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je pense qu'Angel doit bien t'aimer lui aussi. Ce sacré cheval m'a amené directement ici comme une sorte de Saint-Bernard équin.

- Tu penses trop, bébé, grogna Cass contre ses lèvres.
- Oh, mon Dieu, gémit-il. Cass, je ne sais pas si je p...
Cass pressa ses doigts contre les lèvres de Ty.
- Chut... Je te veux, et je suis prêt à aller aussi lentement que tu en auras besoin, déclara Cass.
Le sexe de Ty tendait contre sa fermeture éclair, et il bougea ses hanches, essayant d'obtenir un peu plus d'espace. Cass passa sa main sur le denim tendu et Ty pensa qu'il pourrait jouir rien qu'à ce bref contact. Ses hanches tressautèrent, et cette fois ce fut Cass qui laissa échapper un gémissement profond.
- On va y aller lentement, bébé, dit le rancher d'une voix caressante. Je veux que tu t'allonges. Je vais te déshabiller, puis je vais te goûter, chuchota-t-il.
Ty se tendit à ces paroles, son désir bataillant avec sa culpabilité. Était-il vraiment prêt à se débarrasser de son manteau protecteur de déni ?
- Chut... C'est tout ce que nous ferons ce soir. J'ai besoin de te goûter, Ty. Je veux ton sexe dur entre mes lèvres, dans ma gorge, dit Cass.
- Oh mon Dieu, murmura une nouvelle fois Ty, et il n'y avait plus aucun doute sur ce qu'il voulait.
La chaleur intense des paroles de Cass se grava en lui, le marquant. Malgré une vie entière de déni, il voulait ce que Cass lui offrait. Il voulait ressentir ce qu'il n'avait fait que rêver toute sa vie et il voulait que ça se fasse avec cet homme.

— Hé. Tu travailles ici aujourd'hui ?
Surpris, Holden se tourna pour faire face à la deuxième chambre. Drew se tenait là, parfaitement encadré par la porte, à demi endormi. Ses cheveux blond foncé étaient en bataille, plats d'un côté et dressés en angles bizarres de l'autre. Les yeux d'ambre, habituellement lumineux d'intelligence, étaient bouffis et fatigués. Avec sa barbe de deux jours et son air 'je-sors-tout-juste-du-lit', Holden était prêt à lui faire faire demi-tour et l'allonger sur le lit qui devait encore être chaud. Puis il se rappela ses béquilles.
Appuyant ses fesses contre le comptoir de la cuisine, Holden souffla sur la surface du liquide bienfaisant avant de prendre une gorgée avec précaution.
— Oui... j'ai décidé d'essayer de voir si je pouvais travailler à la maison. Désolé, je t'ai réveillé? Je ne savais pas que tu étais encore ici.
— Mmm... C’est du café ? Parce que je donnerais n'importe quoi pour un grand flic noir... merde... un grand café noir.
Une rougeur envahit lentement la peau crémeuse du cou de Drew tandis qu'il traversait la pièce.
Ne sachant pas s'il devait être flatté ou amusé, Holden attrapa une deuxième tasse et la remplit.

Ma mère n'a jamais fait grand cas de mon orientation sexuelle, elle ne m'a même pas demandé si j'étais certain. Elle s'est juste assise avec moi quand j'avais douze ans et m'a expliqué les choses de la vie, à sa manière unique. Quand deux personnes sont attirées l'une par l'autre, elles forment un lien spécial. Quand elle disait 'personnes', c'était un terme générique, dit-il en faisant avec les doigts le signe des guillemets. Elles peuvent choisir d'être intimes. Ce n'est pas grave si c'est un couple du même sexe ou du sexe opposé, les mêmes règles s'appliquent. Jusqu'à ce que tu trouves la bonne personne, celle que tu vas aimer et avec laquelle tu vas vouloir passer le reste de ta vie, utilise une protection... 

- Hé, désolé. Mon nom est Tyler Hardin. Ty pour mes amis. Comment est-ce qu’on t’appelle ?
- Pédé. Tapette. Tantouze. Fais ton choix, répondit Bryan en haussant les épaules, sa fausse bravade s'effilochant sous le feu combiné du regard des deux hommes.
- Apparemment crétin fonctionne aussi.