« Quand je suis sorti du bâtiment B, qui était le mien, j’ai été comme frappé par la foudre. Mais ça ne faisait pas mal, au contraire, c’était même très doux. Tout s’est arrêté de bouger, il n’y avait plus qu’elle. On aurait dit une de ces publicités pour les shampooings. Dans la lumière pâle de cette fin de journée, elle était là, rayonnante, tournant sa tête au ralenti – enfin, c’est comme ça que je le voyais – laissant ainsi ses cheveux voler au vent, tels des fils d’or légers, somptueux, luxueux. Et d’un coup je me suis cru fortuné. Pas dans le sens de l’argent, ça m’était bien égal ça, mais dans celui de la chance. J’étais le plus chanceux des hommes de treize ans. Au milieu du champ parsemé de coquelicots, mon gros cœur est tombé à ses pieds, se mêlant à ces fleurs fragiles, et j’ai prié pour qu’elle ne l’écrase pas. Mais elle m’a souri, et mon cœur s’est liquéfié… Puis mes jambes. »
« Je pense que c’est ça la définition du coup de foudre : des yeux qui se croisent, se trouvent, deux âmes qui se perdent, se reconnaissent, le temps qui fait pause et vous engloutit tout entier. Paralysant votre corps, ne laissant que le cœur battre à tout rompre jusqu’à pouvoir exploser. C’est à peu près ce que j’ai ressenti après t’avoir percuté et croisé ton regard. »
« Dans la vie, tu donnais de la saveur à tout. Tu pimentais mon quotidien, tu vitaminais mes matins, tu torréfiais mes nuits…
« Je voudrais t’enlever tes peurs, tes douleurs, te guérir… Et qu’est-ce que je peux ! Rien ! T’aimer, t’aimer… Tellement… Mais à quoi ça te sert là ? À quoi sert l’amour, aussi inconditionnel soit-il face à une telle épreuve ? Ça ne pourra pas te sauver… À quoi je te sers ?
"J'étais le plus chanceux des hommes de treize ans. Au milieu du champ parsemé de coquelicots, mon gros coeur est tombé à ses pieds, se mêlant à ces fleurs fragiles, et j'ai prié pour qu'elle ne l'écrase pas... Mais elle m'a souri et mon coeur s'est liquéfié... "
Je n'aurais jamais pu rivaliser et pourtant c'est moi que tu as choisi. Peut-être parce qu'au-delà de nos physiques ce sont nos âmes qui se sont rencontrées, les enfants blessés en nous se sont trouvés, reconnus, nous étayant l'un l'autre pour essayer de grandir.
Je crois qu'il ya simplement des personnes sur terre faites l'une pour l'autre. Des pièces de puzzle qui s'imbriquent parfaitement pour ne former plus qu' un morceau. C'était ça nous deux. Te séparer de moi c'est m'arracher le cæur!
J’aurais voulu combler ces océans de peine de tout mon amour, assécher à jamais tes larmes, t’envelopper de toute ma tendresse et te protéger au creux de mes bras. On peut atténuer, mais on ne répare jamais vraiment.
Je devins sans qu'elle le sache, déjà in utero, Edgar au grand cœur.
Mon cœur effrité devait tout doucement recoller les morceaux, et c'est par les mots que j'entrepris de réparer mon organe thoracique. J'étais persuadé de leur pouvoir, et en même temps, caché derrière un roman, je mettais la vie à distance. Comme un patient isolé, en soins intensifs, je me perdais dans mes bouquins, m'enfonçant dans une parenthèse livresque, une bulle de protection où mots, adjectifs, suffixes seraient ma médication cardiaque. (p 35)