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Citation de Coeurdechene


Sous les regards amusés et quelques premiers quolibets, sa silhouette agenouillés se détendit, raflant d'une main preste les cinq couteaux et le gobelet. Avant même qu'il se soit mis debout, les lames miroitantes dansaient en l'air alors que la timbale de résine prenait un parfait équilibre sur son front. Dans la salle, langues et expressions se figèrent. De rudes gaillards ébahis frissonnaient lorsqu'une point effilée, semblant sortir de sa trajectoire, frôlait un œil ou une oreille avant de se voir cueillie et relancée par une main virevoltante. Dans sa danse jongleuse, l'artiste se mettait en péril, risquait sans cesse la blessure. Plus d'un crût voir naître une goutte de sang au passage d'une lame acérée semblant échapper au lanceur. A chaque erreur possible, ils sentaient l'acier mordre la peau, trancher pulpe et tendons, gagner l'os dans une brûlure odieuse.

Mais ce qui les sidérait tous, c'était la parole de Djeeb. Longtemps contenue, elle semblait maintenant sourdre du gobelet même, toujours immobile sur son front, et les poignait au coeur. Chacun, tendu par les dangers du spectacle, s'ouvrait sans retenue aux vagues des mots et avait l'intime conviction que ce discours s'adressait à lui seul, réveillant des douleurs enfouies, des nostalgies inavouées. En phrases simples et sans fard, Djeeb évoqua la douleur des mères qui les avaient tous enfantés égaux, les tortures de l'abandon lorsqu'il fallut laisser trop tôt la place chaude au bébé suivant, les caprices d'injustice aux proportions de fin du monde, le bref déchirement d'amours trop jeunes condamnés au silence, les déceptions du temps qui passe et ne vient rien changer, la mort en ligne de mire comme un fanal qu'on voudrait éviter… Il embarque les spectateurs dans un voyage au coeur d'eux-mêmes, sans cesser une seconde son bal téméraire et tranchant.
Il parla longtemps peut-être, ou un instant seulement, personne ne comptait plus. Puis dans un dernier geste appuyé d'un coup de tête il laissa ses coute
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