Hélène
Des âges révolus j'ai remonté le fleuve
Et, le cœur enivré de sublimes desseins,
Déserté le Hadès et les ombrages saints,
Où l'âme d'une paix ineffable s'abreuve.
Le Temps n'a pu fléchir la courbe de mes seins.
Je suis toujours debout et forte dans l'épreuve,
Moi, l'éternelle vierge et l'éternelle veuve,
Gloire d'Hellas, parmi la guerre aux noirs tocsins.
O Faust, je viens à toi, quittant le sein des Mères !
Pour toi, j'abandonnai, sur l'aile des chimères,
L'ombre pâle où les Dieux gisent, ensevelis.
J'apporte à ton amour, du fond des cieux antiques,
Ma gorge dont le Temps n'a pas vaincu les lys
Et ma voix assouplie aux rythmes prophétiques.