Elle a juste braillé, comme ça, le visage tourné vers le ciel… Comme si faire un boucan d’enfer allait changer quoi que ce soit. Peut-être que ça a fonctionné. Disons que, si vous êtes une fille, vous savez ce que c’est que de s’entendre dire tous les jours qu’il faut être discrète.
Peut-être que nos combats étaient simplement inverses. Je me battais pour donner l’impression de n’avoir aucun défaut. Elle se battait pour que les gens remarquent ses défauts, sous son vernis de perfection.
Tabby et moi aimons bien être au centre de l’attention. Parfois, c’est comme si on se battait pour être sous des projecteurs qui n’existent même pas. Je ne me contente pas de graviter autour de son soleil, et elle non plus. En général, entre amies, il y en a une que ça ne dérange pas de rester dans l’ombre et de mettre l’autre en avant. Toujours complice, loyale, un peu timide. En ce sens, on est mal assorties parce qu’on est toutes les deux franches, à réclamer l’attention de tout le monde. Parfois, les gens remarquent trop de choses.
Je sais ce que les médias font aux filles. Ils les aspirent et les vident, comme des vampires, suçant leur sang jusqu’à ce que leurs lèvres soient barbouillées de rouge. Ils se gorgent de chaque détail, de tout ce qu’elles ont fait. Une fois qu’il n’y a plus de sang, ils s’attaquent aux organes vitaux. Aux poumons, jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus respirer. Au cerveau, jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus réfléchir. Au cœur, jusqu’à ce qu’elles ne ressentent plus rien.
En général, elle prend les choses à la légère, mais j’étais là les fois où c’était sérieux. Quoi qu’il en soit, quand ça la prend, Tabby le fait toujours pour quelqu’un d’autre. Ma sœur est beaucoup de choses : impulsive, narcissique, lunatique, orgueilleuse, sarcastique, drôle. Cependant, elle est aussi loyale. C’est son signe distinctif, lorsqu’on la connaît vraiment. Oui, elle aspire toute la lumière du soleil, mais elle trouvera le moyen de vous réchauffer avec.
Quand Tabby a quelque chose dans le collimateur, rien ne peut l'arrêter. Je pense que ça fait partie de son problème. Elle ne sait pas comment en vouloir moins.
Il n’a pas peur de me montrer ses sentiments. Pendant un de nos rendez-vous amoureux, il m’a carrément offert des fleurs. Des roses rouges. J’en ferai sécher une pour la montrer à nos enfants, plus tard.
Ça doit être pour ça que je l’écris. Encore un rêve trop grand pour être partagé, mais j’ai besoin de lui donner corps. Je ne peux pas en parler de vive voix. Les gens n’aiment pas qu’on soit aussi heureux.
Je suis du genre superstitieux, surtout depuis mon heure de gloire de l’année dernière. « Elle a un potentiel énorme », a dit mon entraîneur à mon père lors de ma première rencontre sportive. J’avais remporté une médaille d’argent que je n’ai presque eu aucun mal à décrocher. « Elle pourrait aller loin. » Je n’avais pas l’habitude qu’on fasse attention à moi, et ça m’a plu. « Elle aime qu’on la remarque. »
Je voudrais juste que chacun se souvienne de Mark tel qu’il était : brillant, fort, gentil avec tout le monde. Dans l’avenir, il aurait accompli de grandes choses. Mais ne pensons pas à ce qu’il n’aura pas l’occasion de faire. Concentrons-nous sur le chemin qu’il a parcouru lorsqu’il était présent parmi nous, et menons notre vie comme il aurait aimé qu’on le fasse : avec bravoure, honnêteté et gratitude.
Nous donner un amoureux est une façon, pour l’univers, de nous tenir en laisse, disait-elle. Nous sommes trop dangereuses, sinon. »