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Citation de facteur84


"J'ai été dans ma première existence, un instrument, un enjeu, une fonction. On a usé de moi, on a abusé de moi. J'ai connu cela, et tu sais, toi, ce dont je parle : être entraîné, balloté, acheté vendu et donné. J'ai pris ma liberté, dans la négation et dans le sang. La peur me reste, gravée dans les os, d'être à nouveau l'outil des plans d'un autre. Mais je sais, au bout de mon chemin d'errance, de refus et de terreur, que cette trahison-là ne me viendra jamais de l'Osbcur. Que, de prime abord, il est le premier dont elle me soit venue.

Alors ne crois surtout pas, Kélis, ne crois pas que je lui aie dit "non", ce jour là, en Irshem. Je lui ai dit "pas ici" et "entièrement ou rien". Je l'ai voulu dépouillé de tout, au moment même où il venait d'être élevé au pinacle par les siens. Et c'est ce que, contre toutes mes attentes, il m'a donné. Et, se rendant, ma vaincue. Alors, peut-être est-ce être faible, que de vivre sous cet esclavage, car oui, je suis en esclavage. Je respire de son souffle, et ne vibre qu'à sa voix... et son coeur... Son coeur bat là... Je n'avais que moi, et ma futile liberté, et voici que je porte son coeur... l'esclavage, ah... cet esclavage... de ne plus jamais rien vouloir sans l'autre, je l'ai accepté, voulu, épousé. Et la force que ceci exige vaut pour toutes les puissances de ces autres qui n'ont rien que ce que j'avais. Rien qu'eux-mêmes, et rien de plus. Et, si souvent, moins que cela encore. Et je te dis, Kelis : maudits sont ceux qui n'ont pas ce que j'ai. Ni la liberté, qu'on n'acquiert en notre monde qu'à grand coût, ni la gloire de cette dépendance. Veux-tu que je te dise à quel moment j'ai été, oui, faible, et lâche ? Pendant toutes ces interminables années où je n'ai pas cru. Où j'ai fait à l'aimé cette injustice. Où j'étais aveugle, et stupide. Arrogante de me croire la seule à pouvoir faire ce choix.

A présent, suis-je moins forte d'être avec lui ? Je suis plus fragile, car je sers ses causes en sus des miennes, et tremble à ses combats. Lui, est-il amoindri de n'être plus roi, et d'avoir renoncé à la solitudes des aigles ? D'être asservi à mes veines comme je le suis aux siennes ? Libres, voilà ce que nous sommes, libres hormis de cet incendiaire esclavage qui nous donne l'un à l'autre, et seulement l'un à l'autre. Ensemble. Qui se préoccupe des mots et des codes ? Les maudits. Et qu'ils le restent, si c'est là leur refuge. Pour voler, Kelis, il faut vouloir le ciel. Le vertige et l'air libre, et rien d'autre où se tenir que son propre coeur... battant dans la poitrine d'un autre."
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