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Critiques de Leïla Choukroune (1)
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La Chine et le maintien de la paix et de la..

Leïla Choukroune est doctorante en droit international à l’université de Paris I. Elle publie chez l’Harmattan le mémoire qu’elle a consacré, sous la direction d’Yves Daudet, à la contribution chinoise au maintien de la paix.



Le sujet est stimulant et n’a guère été traité. C’est que, longtemps exclue du système onusien, la Chine a affiché une hostilité traditionnelle à l’égard des Nations-unies, notamment nourrie par le rôle joué par l’Organisation en 1950 lors de la guerre de Corée. En 1965, à l’occasion du retrait indonésien, Le Quotidien du Peuple comparait l’ONU à une « répugnante place boursière aux mains de grandes puissances qui n’hésitent pas à acheter et à vendre la souveraineté des autres États ». C’est seulement le 26 octobre 1971 qu’elle intègre l’ONU en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité. Dans les premières années, elle adopte une attitude pragmatique de non-participation, refusant par exemple de participer au vote de la résolution 340 du 25 octobre 1973 qui, au lendemain de la guerre du Kippour, créait la Funu II.



Son attitude commence à évoluer après le retour au pouvoir de Deng Xiaoping mais c’est avec la participation des Nations-unies à la reconstruction du Cambodge que la Chine passe définitivement de la coopération passive à la participation active. Pékin, malgré son soutien traditionnel aux Khmers rouges, participe à l’Apronuc (Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge) en envoyant 400 soldats. Elle soutiendra également les efforts de l’ONU au Mozambique et en Somalie.



Toutefois, la Chine ne cautionne pas l’extension des missions confiées à l’ONU. Elle refuse d’approuver des missions fondées sur le chapitre VII de la Charte dès lors qu’elles autorisent l’usage de la force et méconnaissent la souveraineté des États. Ainsi refusera-t-elle, sans toutefois aller jusqu’à opposer son veto, d’approuver la résolution 688 après la guerre du Golfe, la résolution 929 autorisant la France à lancer au Rwanda l’opération Turquoise et la résolution 940 ouvrant la voie à une intervention américaine en Haïti.



Leïla Choukroune se penche également sur la conception chinoise du désarmement. Là encore, la Chine est passée d’un anti-impérialisme virulent à une attitude plus pragmatique. Elle se dote de l’arme nucléaire en octobre 1964 malgré la réprobation des États-Unis et de l’URSS. Elle refuse de participer aux travaux de l’ONU en matière de désarmement et ne signe pas, en 1968, le TNP (Traité de non-prolifération). Il faut attendre 1978, date de son admission au Comité du désarmement, pour la voir se soucier de ces questions. Elle adhérera finalement au TNP en 1992 et signera, après l’achèvement d’une dernière campagne d’essais nucléaires, le CTBT (Traité d’interdiction totale des essais nucléaires).



Leïla Choukroune diagnostique, à raison, un ralliement « à la diplomatie multilatérale et à ses normes en matière de désarmement » (p. 129) mais on peine à suivre l’auteur dans ses optimistes conclusions. Là où elle voit une « adhésion sincère » (p. 150) de la Chine au droit international, l’expérience montre que la Chine mène une politique dominée par son intérêt national. Qu’il s’agisse de la question de Taïwan ou de celle du Tibet, la vérité oblige à dire que la Chine ne se soucie guère des valeurs universelles. Et ce qui vaut à l’égard de ses marchés vaut dans les relations extérieures : adhésion à l’OMC, gestion de la crise asiatique. Quoi qu’en dise Leïla Choukroune dans la dernière partie de son ouvrage, la Chine n’a aucune envie ni aucun intérêt à jouer la carte régionale. Elle est trop puissante, trop ambitieuse aussi, pour limiter son influence dans une enceinte régionale multilatérale. Elle a au contraire intérêt à bilatéraliser ses relations régionales, avec des partenaires en position de faiblesse, comme le montre le traitement de ses litiges frontaliers.



Si la Chine a adhéré, fût-ce partiellement, aux concepts occidentaux de maintien de la paix et de la sécurité internationales, c’est, quoi qu’en dise Leïla Choukroune, pour des motifs d’intérêt national, et non au titre d’un engagement sincère pour le multilatéralisme.
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