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Citation de inaji


Alors seulement, sans préavis, sans frémir d’un cil, Yaku se met à hurler. Un AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA stratosphérique, fendant le mur du son jusqu’à faire vaciller toute la plaine. Yaku n’est plus que ce A dans cette bouche devenue immense, elle barrit au chêne le torrent de sa rage, l’océan de sa frustration, elle feule du fond des entrailles l’ouragan de son impuissance, le gouffre de son incapacité à dire autrement qu’en mugissant. Même l’herbe n’ose plus frémir sous ses pieds. Elle tient sa note magnifiquement assourdissante pendant douze ans, trois vies, et puis d’un coup, encore, rassemble ses lèvres, aussi brutalement qu’elle les écartelait pour conjurer une seconde plus tôt. Elle ne pleure même pas ni rien. Le démon est parti avec le vent. Elle plante sévèrement son glaive dans le pied du chêne et fait volte-face vers la maison en snobant tout le monde. Libérée.

Tous les humains possèdent trois formes de voix : le langage, le chant et le cri. Même ceux comme Yaku qui ne connaissent pas encore les mots arrivent à se faire comprendre. Je dois avoir un problème de faisceau arqué, une hernie labiale, une rétrognathie non diagnostiquée, une aphasie de conduction, une altération des cordes vocales, ou peut-être juste d’humanité. Rien de ce qui sort de ma tranchée ne m’exprime.
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