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Citation de SZRAMOWO


Ma visite était finie.

Je quittai les Jardies, navré, noyé dans un abîme de tristesse et me disant que je n’y remettrais plus les pieds de ma vie.

Il me restait encore un quart d’heure à attendre le passage du convoi de Versailles pour Paris ; voici comment je l’employai : de l’intérieur même de la propriété, il m’avait été totalement impossible d’examiner dans quel état se trouvait, depuis plusieurs années que je l’avais perdu de vue, le fameux mur, ce mur, cauchemar des rêves agités de Balzac, ce mur si souvent renversé, si souvent rebâti. Un assez vaste circuit était à décrire en passant par la route même de Ville-d’Avray pour arriver sous ce mur à jamais historique. Malgré la chaleur, une chaleur d’orage fort pénible, je traçai ce détour peu pourvu d’ombre, et j’arrivai au mur. Nous nous reconnûmes, je crois ; car chaque pierre mise dans mon temps semblait me dire : « On nous croit bien solides, mais gare un de ces hivers !… » Et, en effet… mais je n’ai plus le droit de faire des réflexions sur le plus ou moins de fixité de tous ces grès, autrefois mes amis. Nous n’en rîmes pas moins avec discrétion jusqu’au moment où l’un d’eux, remuant dans son alvéole de plâtre, m’indiqua, par cette diversion, un écriteau que je n’avais pas aperçu. Je lus à travers un brouillard de larmes : Les Jardies, ancienne propriété de M. de Balzac, à vendre ou à louer.

La désagréable trompette du chemin de fer m’appelait.

Adieu, séjour le plus triste, le plus accablant de tous, non pas seulement parce que celui que nous aimions tous n’y est plus, mais parce que d’autres y sont.
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