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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Cluj , 1967
Biographie :

Letitia Ilea est une poétesse roumaine, née en 1967 à Cluj.

Elle a reçu 7 récompenses pour son œuvre poétique en Roumanie. Elle a également traduit en roumain plusieurs ouvrages de langue française. En France ses poèmes ont été publiés dans la revue Europe. Elle a résidé au Centre international de poésie Marseille en mars 2004. Le prix international de poésie Jean Malrieu lui a été décerné en 2007.

Source : Wikipedia
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Letitia Ilea
ne me demandez pas

comment je vais
ne soyez pas inquiets
ne téléphonez plus
je vais bien je suis contente radieuse
j'ai réalisé tout ce que j'ai voulu
j'ai beaucoup de plans
tout va à merveille
j'ai oublié la tristesse la solitude le néant
depuis longtemps
sauf que je ne sais pas d'où me vient
cette chemise en fil barbelé
que je ne peux plus ôter

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
On a besoin de pluie

le fleuve est le même que l'année passée
il ne dit rien sur les noyés
de même l'oiseau attiré vers l'eau moi aussi
quelques rides de plus quelques cicatrices fraîches
sécheresse « on a besoin de pluie » disent les vieillards
pour laver
la boue entre les paroles

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
je suis préoccupée
dites-moi monsieur le lecteur
le ciel est-il plus haut ?
les profondeurs plus profondes ?
avez-vous ri avez-vous pleuré ?
êtes-vous toujours en vie ?
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Letitia Ilea
les nouvelles du soir

la journée finit comme une longue convalescence
sur toutes les chaînes il y a une seule nouvelle
ma mort prématurée après une longue souffrance
le cœur lourd écrasé à côté de ma famille en deuil
mes amis en petit nombre ennuyés

c'est l'automne le prêtre parle à contrecœur
personne ne porte de noir parce qu'ils n'en ont pas
parce que ça ne les avantage pas « je lui avais donné deux CD.
comment les récupérer. » « cette année elle n'est même pas venue à mon anniversaire. pas de coup de fil non plus. » « ça fait trois mois qu'elle me promet cet article et quelle jolie dédicace je lui ai faite. » le mort ne se retourne pas
je me fais du café éteins la télé
le chien hurle
allez vous pouvez téléphoner

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
désert

sur le visible et l'invisible
tardivement je chante
comme un grillon dans une maison déserte

eux ils n'entendent pas ils creusent des sentiers
dans le sable du désert ils parcellent ils mesurent ils mettent des pièges pour le vent
occupés comme ils sont à laisser quelque chose derrière eux
une maison un arbre une traînée d'escargot

je chante comme ça vainement
les victoires du soir et les défaites du matin
les amis qui s'en sont allés
le goût de la framboise après avoir fumé

je ne me rappelle pas l'enfance la vieillesse
ma mort ne m'effraie pas
seulement celle des autres
seulement l'âge moyen

à l'aube
dans la maison déserte
le chant du grillon
se fait toile d'araignée

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
elle la victoire

pour Andrei

lorsque la plaie se confondra à la chair
et que les os étincelants seront
partagés sur des champs brûlés par le feu de l'été
elle viendra la victoire

elle la victoire
un beau matin
comme un journal jeté sur la pelouse
comme une bouteille de lait oubliée sur le seuil
elle la victoire
encore une grosse pierre sur le dos
que celui qui ne s'est pas miré
dans les yeux du chien

la porte

caressez-la
écrivez-lui des odes en rimes châtiées

à moi laissez ce poème
comme un grain de sable
qui cherche son coquillage dans la tempête
ce poème écrit
des sept vies consumées jusqu'à la braise
de sept morts verrouillées sous l'épaule gauche
comme un solo de trompette
fendant la nuit ce poème
qui allèche comme du pain brûlant

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
en ce temps-là

l'amour était un nouveau jouet
que tu démontais le lendemain
pour voir pourquoi il chantait
pourquoi il clignotait de ses feux
pourquoi il crachait des flammes

tu as maintenant dans un coin
un tas de petites roues petits moteurs
poupées sans tête sans entrailles
que tu époussettes tendrement
que tu déplaces d'un côté et de l'autre
depuis le matin jusqu'au soir
et il ne te reste plus de temps pour rien

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
Poème pour mes amis

mes amis ont grandi
une autre génération fait de la littérature maintenant
ils font des enfants et sont cravatés
ils ont pris du ventre ils ne sont pas tristes
ils aspirent ils expirent ostensiblement
ils ne voyagent plus à l'œil ils sont rubiconds
ils parlent fort ils portent de lourdes sacoches
ils écoutent les prévisions météo
ils connaissent beaucoup de monde
ils n'écrivent plus des poésies
quand ils sont seuls ils regardent la télé
quand ils étendent le linge ils aperçoivent le ciel

elles ont arrêtés la cigarette et sont maquillées méticuleusement
elles sont des femmes sans complexes elles n'ont pas d'insomnies
nous nous rencontrons parfois et elles m'invitent
à prendre exemple à voir leurs mansardes devenues appartements
elles me prennent pour une caméra

pendant ce temps j'invente de nouveaux ronds de fumée
les yeux fermés je distribue des lots gagnants
j'écoute du jazz je porte des baskets je mange dans la rue
j'écris des lettres j'attends

(traduit du roumain par Laetiția Ilea )
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Letitia Ilea
les choses dont j'ai peur

je me réveillerai un beau jour
sans avoir rien rêvé contente sûre de moi
j'aurai des plans des solutions pour tous les problèmes
le manque de confiance ne me rongera plus comme un ver
je serai un fruit arrosé d'insecticides
une petite roue dans un engrenage efficace
je serai mâché par la grande machine sans le sentir
super la vie est belle je dirai tout à fait convaincue
je ne pleurerai plus en pensant à mon père
je répéterai que nous nous en allons tous un jour
je serai « socialy correct »
je ne ferai que des choses sensées à significations profondes
qui sait si j'écrirai toujours occupée à polir mon image
j'aurai enfin plein d'amis
ils m'apporteront pour mon anniversaire
des appareils électroménagers
pour rendre mon travail plus facile
pour qu'il me reste le temps pour les choses plus importantes
la retouche la promotion de mes idées
à servir d'exemple aux jeunes hommes en train de se former
je ne serai entourée que de choses utiles
j'aurai des plans quotidiens mensuels annuels
que je suivrai avec acharnement selon des graphiques
je ne perdrai plus mon temps
je m'endormirai de bonne heure
je me réveillerai tôt bien reposée après un sommeil sans rêves
j'aurai une famille comme il faut fondée sur des principes sains
protégée par l'état
je serai la « succesfull woman » du début du millénaire
peut-être un jour
je ne m'apitoierai plus sur les chiens errants
je ne connaîtrai plus la solitude
je serai acclamée par la foule
peut-être ce jour n'est pas trop lointain

qu'est-ce que je peux faire comment me défendre
avec mon bouclier en chiffons mon armée en peluche
j'ai très peur je sens que ça va commencer cette nuit je n'ai aucun cauchemar aujourd'hui je n'ai pas rongé mes ongles
je n'ai pas fait craquer mes doigts
je n'ai pas fumé trop j'ai trouvé normal
tout ce que l'on a dit autour de moi j'ai été d'accord
j'ai très peur que vienne plus vite la griffe dans mon estomac les hommes sans tête aux marteaux piqueurs les griffons les charognes qui habitent mon sommeil avec eux je me débrouille plus facilement

si j'écris sur les choses dont j'ai peur
elles ne deviendront pas plus pâles
si je raconte le rêve où je ne peux plus attendre mon père
on en déduira que nous deux n'avons jamais su grand chose l'un de l'autre

un poème sur la crainte de ne plus écrire
a toutes les chances d'être un mauvais poème
les choses dont j'ai peur ne sont pas des maladies vaincues
ce sont des maladies inguérissables
des miroirs dont je ne peux plus détourner mon regard

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letitia Ilea
j'ai eu besoin de rides

j'ai eu besoin de rides
de matins et anniversaires maussades
pour que je comprenne que je n'écrirai jamais
le poème qui laissera tout le monde bouche bée
qui écrasera tout – le poème-médicament
le poème-parapluie le poème-baume
le poème qui démontrera que je ne suis pas
telle que je suis (anti-, ultra-, -ique, -ée, -ante)
le poème qui sauvera quelqu'un de la mort
le poème pour lequel quelqu'un donnera sa vie
je ne mourais même pas pour mes proches
pourtant n'y touchez pas ce sont des morceaux de chair vive
des dents douloureuses qui mâchent toujours les tranches grises
des poumons qui aspirent de la suie et expirent de la nicotine

je n'écrirai jamais le poème
qui me rendra le rire de mon enfance
je dessine de petites lignes de petits bâtons
je jette la pierre d'un carreau à l'autre
je saute sur un pied
et je m'imagine que je marche

(traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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