Lilia Momplé

Il se souvient d'une scène dont il fut témoin récemment, un jour qu'il était à l'aéroport. Par curiosité, il était allé au salon VIP et avait vu deux ministres avachis dans de confortables fauteuils club, entourés de leurs collaborateurs avec lesquels ils discutaient tranquillement pendant que les employés du protocole s'occupaient discrètement de leurs bagages. Au même moment, le peintre Malangatana, qui prenait le même vol, attendait patiemment son tour au comptoir, puis porta péniblement ses valises jusqu'à la salle d'embarquement commune.
Januario se rappelle avoir à ce moment-là pensé que, certainement, dans quelques années presque personne ne se souviendrait des ministres insouciants qui parlaient dans le salon VIP, alors que le nom et les œuvres de Malangatana perdureraient, peut-être pour toujours.