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3.69/5 (sur 15 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Venise , 1917
Mort(e) à : Mestre, Venise , le 02/07/1985
Biographie :

Diplômée de la Faculté de philosophie de l'Université de Padoue, Liliana Magrini est journaliste de presse et de radio et critique littéraire.

Elle a écrit "Carnet vénitien" (Gallimard, 1956) en français. Cinquante ans plus tard, Jean-Marie Patte, fin lecteur, porte à la scène ce texte parmi les plus envoûtants jamais écrits sur Venise.

Amie d’Albert Camus et de Louis Guilloux, traductrice de Malraux et de Giono, Liliana Magrini a joué le rôle de passeur entre la France et l’Italie.



Source : http://robertomaurizio1947.blogspot.fr/2008/01/ricordando-liliana-di-marcella-glisenti.html
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Venise était fatiguée, pas blessée. Dans la commune oppression, son destin restait exceptionnel et les Vénitiens le savaient, pour difficile qu'il leur fût parfois d'y consentir. À mesure que la guerre se rapprochait, que jusqu'au cœur de la Piazza retentissait l'écho des bombardements de Padoue, de Trévise, de Mestre, les Vénitiens se répétaient que Saint-Marc ne serait pas détruite. L'incomparable Venise serait respectée.
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Mais la nuit, c’est plus sérieux. Dans la rue : son propre pas, si net parmi d’autres, qui de temps en temps le suivent, le croisent. Il était peut-être accompagné, puis on le retrouve, seul ; comme incertain d’abord, et presque entravé. Pas moyen de tricher avec sa peur si, à un tournant, il hésite, ni avec sa solitude, s’il traîne, comme à regret, quand on voudrait fuir. Mais parfois, il marque, vif, la joie de se retrouver soi-même : on en joue, en courant, comme on jouerait d’un tambour. Plus léger sur les ponts : l’air l’emporte et le dissout. Il s’arrête avec le tintement des clés dans le désert pierreux.
Mais dès qu’on est couché, ce sont les autres : de bonne heure, ils passent par bandes, ils rient, chantent. Ce n’est pas grave encore. On peut s’en distraire. Mais on ne se distrait pas de la conversation qui se poursuit entre deux hommes accoudés au parapet du pont, et dont les paroles vous parviennent ; et encore moins, plus tard, de l’homme seul. La respiration râlante de l’ivrogne, entrecoupée de gémissements, ou sa voix qui, résonnant contre les pierres, clame la malédiction ou promet le salut du monde ; les pas martelés de l’homme pressé, et le traînement de celui qui hésite à rentrer seul ; le mot échangé devant la porte, quelqu’un qui s’arrête le dos au mur, regarde peut-être, ou réfléchit : un raclement léger de temps en temps, ou un piétinement sur place… non, ces solitaires, on ne sait pas les quitter.
Il arrive parfois, passant dans les rues désertes d’autres villes, d’entendre les bruits nocturnes venant de l’intérieur des maisons ; jamais à Venise : chacun est seul sur cette scène qu’est la rue, les autres, derrière le mur, demeurant des spectateurs séparés.
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Est-ce ces écrasantes usines aux escaliers de fer que défendent, épais museaux rouges, de grands réservoirs, qui ont fait de la Giudecca, si proche pourtant de la ville, un monde séparé ? Le massif château nordique, dont une fantaisie 1900 a revêtu le plus grand moulin de Venise, y ajoute : et le morne front des prisons et des couvents. Ils ont les mêmes barreaux et, au-delà, dans le rez-de-chaussée aux relents aigres, les mêmes lourdes tentures de damas implacablement tirées. C’est ici que Michel-Ange choisit de se loger pour fuir les honneurs et les cérémonies dont on le menaçait. Aujourd’hui, la misère y domine : sans recours.
Le vent, ce matin, gifle sans pitié et sans répit l’étroit quai noir d’ombre et de suie.
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Le dimanche, les pas retentissent dans le silence des calli presque vides. Une radio ou une voix chante à l’intérieur d’une maison : le tout espacé, dans une sorte d’assourdissement ouaté. Ce qu’ont de particulièrement poignant les bruits du dimanche, en dehors des quelques rues à travers lesquelles s’écoule le fleuve lent des promeneurs, c’est leur accent de solitude. À Venise, ces bruits acquièrent peut-être, tant par le silence plus absolu que par l’écho, un isolement plus complet. Sans réponse. Rien n’accompagne – si ce n’est ce rai de soleil qui, au ras du mur, baigne une mince tranche de pavé où un chat s’étire.
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