Lina Hope

Chapitre 3 :
Kurt
« …Je suis projeté dans l’herbe avec elle et toutes ses affaires se retrouvent éparpillées. Je me redresse et m’empresse de m’excuser tout en m’assurant qu’elle n’a rien. La fille relève la tête et quand je reconnais la meuf du magasin, je grimace.
— Heu ? Est-ce que ça va ?
— Oui. Je suis en un seul morceau, je crois.
— J’suis désolé, je t’avais pas vue.
À genoux face à elle, je l’aide à ramasser ses affaires, mais je m’arrête net quand je remarque un truc. Une photo dépasse d’un de ses livres alors, curieux, je tire dessus pour mieux la voir et soudain mon cœur s’arrête de battre instantanément.
Sur la photo on la voit en compagnie d’une autre fille, mais ce n’est pas ce qui retient mon attention. C’est la voiture qui se trouve en arrière-plan. Une Dodge Charger de couleur rouge, exactement comme celle que…
Je fronce les sourcils sans quitter la photo des yeux mais la fille me l’arrache des mains avant de râler. Je tourne la tête vers elle et mon regard s’accroche au sien avant de se poser sur ses doigts quand elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille.
Une lune… Elle a un croissant de lune tatoué sur l’annulaire droit.
Soudain, une espèce de flash m’éblouit et je suis projeté dans le passé. Les images défilent à la vitesse de la lumière sous mes yeux, ne me laissant pas le temps de les décrypter correctement. Tout va trop vite et d’un seul coup mon cerveau met le film sur pause. Ma respiration se bloque, je manque d’air. Je la reconnais.
La lune sur son doigt… La voiture rouge… L’hôpital…
Cette fille, je la connais. Du moins je sais qui elle est. Je me souviens de ses doigts glacés entremêlés aux miens. Je secoue la tête pour chasser tous ces horribles souvenirs, mais quand je reprends mes esprits, la fille a disparu...»

Alors que je traverse la salle pour rejoindre mes potes, je cherche Juliet des yeux, sans vraiment savoir pourquoi. Ce n’est pas comme si c’était ma meuf. Pourtant, mon putain de cerveau semble vouloir absolument savoir où elle se trouve. Je fouille le bar du regard, mais ne la vois nulle part. On est vendredi soir, elle est censée travailler, pourtant. Je fronce les sourcils et observe à nouveau la salle, mais rien. Juliet n’est pas ici. Bordel, j’aimerais savoir pourquoi ça me fait autant chier qu’elle ne soit pas là. Qu’est-ce que j’en ai à foutre, sérieux ? Arrivé à notre table, je renifle tout en me frottant le nez, et me laisse tomber lourdement sur une chaise. Seven relève la tête de son écran de téléphone.
— Ça va, mec ?
— Ça roule. — T’étais passé où ? — J’avais quelqu’un à voir. — Quelqu’un à voir ? Je vois. Seven m’observe en fronçant les sourcils et je sais exactement à quoi il pense. Pourquoi lui dire que j’étais avec mon dealer, alors qu’il le sait déjà ? — Où est MK ? je demande, pour changer de sujet. — D’après son texto, elle est en train de larguer Lucy. Je plisse les yeux et grimace. Seven éclate de rire. — C’est sa copine. Enfin, sa copine du moment. — Depuis quand MK sort avec une meuf ? — Depuis genre quelques mois. Elles sont ensemble un jour sur deux. Ça dépend de l’humeur de Mary-Kate en fait. — Pourquoi je suis pas au courant de ça, moi

Prologue :
Kurt
« …
7… 6… 5… 4… 3… 2… 1… Battements.
Le plus dur quand on perd une personne à laquelle on tient, c’est de continuer à vivre sans elle. Parfois on y arrive et parfois non. Certains jours sont plus difficiles que d’autres, il faut simplement s’accrocher de toutes ses forces et se dire que tout finira par aller mieux. Parce que oui, un jour ou l’autre on va mieux.
Ça, c’est ce que tous les connards autour de vous passent leur temps à vous répéter. Mais c’est faux. On ne va jamais bien, putain. Parce que perdre quelqu’un, c’est la merde. On ne s’en remet jamais…»

Pendant des années, je m’étais réveillée avec cette douleur, ce vide dans 
ma poitrine. Pendant des années, j’avais séché mes larmes avant de 
commencer  chaque journée. J’avais  longtemps  porté ce  masque sur 
mon visage, celui qui me permettait d’afficher un sourire. 
Je  me  souviens  que  les  rares  fois  où  la  douleur  était  presque 
supportable, c’était lorsque je posais les yeux sur elle, ma fille. Melody 
avait été mon cordon de survie, celle à qui je m’étais raccrochée quand 
j’avais eu cette impression de chuter dans le vide.

Tomber amoureuse à dix-sept ans, c’est comme tomber amoureuse à vingt-cinq ans, les adultes ne comprennent pas pourtant l’amour est le même, peu importe l’âge. Vous savez,perdre quelqu’un ce n’est pas anodin, c’est comme perdre une partie de soi, un morceau de notre identité... Une infime portion de notre âme. C’est perdre l’envie de vivre et voir son avenir
tristement, c’est sentir son cœur se déchirer à chaque battement et avoir chaque jour une douleur béante dans la poitrine et ne plus arriver à respirer.

La peinture, c'est comme la danse ou la musique. On peut exprimer beaucoup sans avoir besoin de dire quoi que ce soit. C'est ce qui me fascine dans l'art, peu importe sa forme.

Si j’avais su qu’un jour grâce aux chansons que j’avais écrites pour elle, on serait sur le point d’enregistrer un album cette année, j’aurais eu le fou rire du siècle.
Il y a cinq ans, je suis tombé amoureux. Ouais, genre vraiment amoureux, avec le cœur qui bat à mille à l’heure, les étoiles dans les yeux et les papillons dans le ventre, mais toutes ces conneries avaient été remplacées par la douleur, la colère et l’incompréhension.

Le souvenir est une chose qui vous remplit le cœur de bonheur et qui à la fois vous le brise petit à petit de l’intérieur.C’est une chose qui est présente dans votre esprit en permanence pour vous rappeler vos actions passées, parfois elles sont bonnes et vous avez de la chance et parfois elles sont mauvaises et vous êtes habités par le regret pendant un long moment et en ce moment même, j’étais habité par le regret.

Je t'aime, tu sais ?
- Je t'aime aussi ma Tornade.
- Non, mais...Je t'aime vraiment beaucoup.
- Ah ouais ? Genre...Beaucoup, beaucoup ?
- Oh oui ! Parce que t'aime plus que le chocolat et les guimauves. Plus que le lait aromatisé à la fraise, plus que les Converse et la chanson Comet Symphony de mon père. Je t'aime plus que les étoiles et le bruit de la pluie. Je t'aime plus que tout.

Kurt m’a sauvé pour que je le sauve en retour. Lui et moi, on est des survivants. Deux âmes brisées qui commencent à se ressouder avec le temps. Il paraît que le destin ne réunit jamais deux personnes sans raison, peut-être que c’est vrai après tout. Peut-être que Judith avait raison, au fond. Kurt et moi, on s’est trouvés, on s’est sauvés et maintenant on apprend à s’aimer.