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Citation de Charybde2


Écrire cette histoire qui ne passe pas, la collaboration, le nazisme, le stalinisme, les camps, l’horreur du vingtième siècle sont des préoccupations qui dépassent l’œuvre de Volodine. La dernière décennie du siècle fut en un sens obsédée par cette mémoire traumatique. La littérature l’exprima, comme les sciences humaines, renouvelant avec ce geste une pratique que la génération précédente avait un peu délaissée. Ce siècle s’achevant, la pensée et la littérature ne cessent de revenir sur ces traumas, sortes de scènes originelles, de taches aveugles sur lesquelles elles se construisent. Alors que la confrontation avec l’histoire, et particulièrement celle qui ne passe pas, est une des origines de l’œuvre de Volodine, elle n’intègre curieusement jamais les corpus d’étude sur ces thèmes. Pourquoi ? Car face aux mêmes événements, Volodine choisit une posture proche du délire et refuse toute vraisemblance référentielle, alors que le paradigme de l’enquête informe les textes contemporains affrontant l’histoire. Son imaginaire paranoïaque s’oppose à bien des égards à une recherche de vérité qui se sait vouée à l’échec. L’imaginaire, le délire, la folie, la fiction "fictionnante", l’étrangement font l’originalité de cette œuvre et peuvent être saisis par un terme qui a le mérite de désigner dans le même temps un effet littéraire et son origine presque clinique : la fabulation, qu’on doit différencier de la fable ou de la simple fiction et comprendre comme une fiction à effet de fiction.
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