Comme « L'Île » de Huxley ou « Invasion » de Rhinehart, il s'agit clairement d'un livre-testament. On peut penser que, sentant leur fin approcher, ces auteurs ont cherché à toucher au plus près une vision « utopique » de l'homme, qu'ils auraient travestie plus tôt dans leur carrière sous peine de paraître naïfs.
La sincérité rend touchants ces ouvrages, je dirais même plus : rafraîchissants. Lionel Stoléru nous a quittés quelques mois après avoir publié ce livre. J'avoue avoir tiré une larme en plusieurs occasions, peut-être parce que je me suis reconnu dans la vision de l'auteur. Et pourtant, quand je l'ai lu, il était encore vivant.
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Ecrit en 1982, juste après l'arrivée des socialistes au pouvoir, ce livre prend la mesure des changements sociologiques qui ont suivi Mai 1968. Il nous décrit la fracture entre des gens en sécurité et d'autres exposés aux risques de la mondialisation, ainsi que les pistes proposées par l'auteur pour atténuer cette fracture en construisant des ponts entre les groupes.
Le lire trente ans après est instructif à plus d'un titre : déjà, on découvre une société qui n'est plus (et que je n'ai jamais connue), avec des moyens de communication bien différents de ceux d'aujourd'hui, ensuite, en appliquant sa grille de lecture à la société d'aujourd'hui, on se rend compte que la situation n'a pas tant évolué que cela. Certaines solutions proposées ont été appliquées (Erasmus, VIE, service civique en ce qui concerne les jeunes, limitation du décalage des régimes spéciaux de retraites), d'autres jetées aux oubliettes (il y en a trop). Mais au total, on vit toujours dans le mythe que la croissance forte reviendra et qu'elle est le seul moyen de résorber le chômage de masse... Dommage. Je recommande donc la lecture à tous ceux qui ont oublié les choix politiques de 1974 à 1982, c'est très intéressant.
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